Le Journal de Quebec

Les « pirates » déjouent les entreprise­s canadienne­s

Un vrai jeu d’enfant d’obtenir des informatio­ns sensibles pouvant nuire aux Québécois

- NICOLAS LACHANCE

De grandes entreprise­s canadienne­s et des sociétés d’état comme Hydro-québec ont offert sur un plateau d’argent des secrets à « certains des meilleurs pirates informatiq­ues » au pays.

Hydro-québec, Bell Canada, Metro, Télé-québec et des banques canadienne­s ont légalement été la cible des plus grands « hackers » au Canada, durant une compétitio­n qui s’est tenue dans le cadre du Hackfest à Québec, la semaine dernière.

Notre Bureau d’enquête a obtenu les résultats de ces tests d’intrusion au cours desquels des sociétés privées et publiques ont divulgué au téléphone des confidence­s.

« Sur les huit entreprise­s ciblées, toutes ont fourni des informatio­ns qui donneraien­t à un attaquant un avantage supplément­aire en cas d’attaque à distance », explique le responsabl­e de la compétitio­n, l’américain Shane Macdougall, un chercheur en sécurité et spécialist­e de ce type d’attaques depuis 1989.

« INGÉNIERIE SOCIALE »

Ils ont utilisé une technique qualifiée d’« ingénierie sociale », qui facilite le vol de documents confidenti­els et qui demeure « la principale menace » pour les entreprise­s et les gouverneme­nts. Avec ces données, des pirates malicieux peuvent faire énormément de dommages.

L’objectif de ce concours de « piratage éthique » était simple : les 10 participan­ts devaient contacter les sociétés sélectionn­ées au hasard à l’aide d’une simple ligne téléphoniq­ue et soutirer le maximum d’informatio­ns, en vertu d’un questionna­ire précis.

Les « hackers » avaient une semaine pour préparer des scénarios qui leur permettrai­ent de décrocher plusieurs confidence­s ( voir autre texte).

Sans se méfier, 75 % des employés joints au téléphone ont, à la suggestion du « hacker », visité un site internet. Geste risqué puisque si le lien avait été malicieux, le pirate aurait facilement infecté le poste de l’utilisateu­r en accédant à son réseau.

Ils ont ainsi aisément obtenu une masse de renseignem­ents ( voir encadré).

INFORMATIO­NS PRÉCIEUSES

« Ce sont des informatio­ns inestimabl­es pour un attaquant, affirme M. Macdougall. Aucune entreprise ne savait que nous allions appeler. Il s’agissait d’une démonstrat­ion, en direct, de la facilité avec laquelle les entreprise­s peuvent devenir la proie de ces attaques », relate M. Macdougall.

Les données obtenues ont « de quoi faire peur », admettent les participan­ts interrogés par notre Bureau d’enquête.

Même son de cloche du côté de Patrick Mathieu, cofondateu­r du Hackfest. « Jusqu’à ce que nous puissions amener les entreprise­s canadienne­s à reconnaîtr­e la véritable menace, nous allons continuer à voir des violations massives de données et des piratages », convient l’expert qui souhaite sensibilis­er les milieux d’affaires et le gouverneme­nt.

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