Gaz de schiste : quelques faits
Le premier ministre François Legault vient de tirer un trait définitif sur l’exploration ou l’exploitation du gaz de schiste au Québec. La porte est bien fermée à cette industrie, a-t-il annoncé clairement aux préfets des MRC.
Dans sa démarche pour se rapprocher du mouvement environnemental, cette affirmation ferme sera bien accueillie. L’idée a été bien vendue au Québec que le gaz de schiste, comme le pétrole de schiste, constitue un grave danger.
Les Québécois savent-ils vraiment combien de puits de gaz et de pétrole de schiste ont été forés aux États-unis ?
SAVIEZ-VOUS ?
Sans vouloir insulter qui que ce soit, je ne suis pas certain que les Québécois ont un portrait réel de l’industrie du gaz et du pétrole de schiste chez nos voisins. Jouons à « Saviez-vous que… ? »
Selon l’energy Information Administration des États-unis, il y avait 300 000 puits de pétrole et gaz de schiste aux États-unis en 2015, répartis dans 21 États. Il s’agit d’une augmentation de 1200 % par rapport aux 23 000 puits existant au tournant de l’an 2000.
Le pétrole de schiste a essentiellement permis de doubler la production de pétrole aux États-unis sur une décennie, entre 2005 et 2015.
Le gaz de schiste représentait en 2015 les deux tiers du gaz naturel produit aux États-unis. En 2000, cette proportion était de moins de 10 %.
La fracturation hydraulique, qui est associée chez nous à d’immenses dangers, est utilisée dans 670 000 des 977 000 puits de gaz ou de pétrole en production chez nos voisins. Aux dernières nouvelles, aucun Américain n’est mort de soif, faute de trouver de l’eau potable.
Les dernières données de l’office national de l’énergie indiquent que le pétrole que nous consommons tous les jours dans nos véhicules au Québec provient maintenant principalement des États-unis. Il s’agit d’un retournement de situation brusque et récent, dû à l’explosion de cette industrie chez nos voisins du Sud. Nous consommons massivement… du pétrole de schiste !
LA VERTE CALIFORNIE
Notre partenaire dans le marché du carbone, l’état aussi vertueux que le Québec, la Californie, occupe le 5e rang parmi les États producteurs d’hydrocarbures. On y retrouve plus de 100 000 puits actifs. Parmi ceux-ci, 3000 se retrouvent dans le comté de Los Angeles. Quelques-uns en pleine ville.
La croissance de l’industrie du pétrole et du gaz de schiste fut phénoménale durant les années Obama. Celui-ci, un défenseur des accords sur le climat, se faisait une fierté de dire que, sous sa gouverne, les États-unis ont atteint une indépendance énergétique. Ils ont cessé d’être une nation dépendante des importations d’hydrocarbures.
Il me semble entendre un concert d’éloges pour le président Obama dans le discours populaire au Québec. Pourtant, la poignée de gens qui osent suggérer que nous devrions faire un centième de cette exploitation chez nous sont conspués.
Faut-il vraiment exploiter le gaz de schiste via la fracturation hydraulique au Québec ? Je n’en suis pas sûr. Mais je suis sûr que nous débattons d’un sujet semblable comme des adolescents qui se crient des slogans, dans l’ignorance la plus totale de ce qui se passe chez nos voisins.