Le Journal de Quebec

Les frais et honoraires d’avocats de 39 % ont été remis en question

L’entente dans le recours collectif de la légionello­se a été présentée au juge

- SOPHIE CÔTÉ

Des 7,5 M$ prévus dans l’entente à l’amiable pour indemniser les victimes de la crise de la légionello­se à Québec, 39 % sont consacrés aux frais et aux honoraires d’avocats. Une part de gâteau importante, que le juge Clément Samson a remise en question, hier, et qui a fait sursauter certaines victimes.

Devant une cinquantai­ne de victimes et de proches de celles-ci, le magistrat entendait les avocats sur l’entente intervenue à trois semaines du procès, cet automne, pour permettre le versement d’indemnités aux quelque 200 victimes de la crise de la légionello­se de l’été 2012, qui a fait 14 morts.

L’entente prévoit que les défendeurs, dont la CSQ et le Directeur régional de la santé publique ( voir tableau), versent 4,6 M$ aux victimes. Par exemple, la demanderes­se, Solange Allen, qui a perdu son mari Claude Desjardins, pourrait obtenir un maximum d’environ 140 000 $, selon l’avocat qui pilote l’action collective depuis 6 ans, Me Jean-pierre Ménard. Les sommes que chaque défendeur versera dans la cagnotte demeurent confidenti­elles.

AVOCATS TROP GOURMANDS ?

Près de 3 M$ serviront à payer les frais de justice, les expertises et les honoraires d’avocats.

« Est-ce normal, 39 % ? » a demandé le juge, qui a longuement questionné Me Ménard. Ce dernier s’est défendu d’être trop gourmand. La somme destinée aux avocats est conforme aux normes habituelle­s, a-t-il dit.

« On a avancé plus de 1 M$. Si je ne l’avais pas fait, on ne serait peut-être pas là aujourd’hui. J’ai fait beaucoup pour ces gens-là, sans avoir une idée précise de ce que j’allais aller chercher », a-t-il argué.

« On n’a pas fait ça pour faire de l’argent initialeme­nt, on voulait aider le monde », a-t-il ajouté après l’audience. Il évalue à 4000 le nombre d’heures consacrées à ce dossier depuis 2012.

Si plusieurs semblaient rassurés après ses explicatio­ns, quelques personnes n’ont pas caché leur déception. Le délai minimal de 8 mois évoqué avant de toucher les indemnités a aussi fait réagir certains.

« Ils vont avoir plus que nous autres, pis c’est nous autres qui [avons] souffert », a exprimé Jean Légaré, qui vit avec des séquelles importante­s.

« Je suis satisfaite et je pense qu’à la fin, les gens ont bien compris », a estimé Mme Allen.

Cette entente a été ratifiée sans aucune admission de responsabi­lité des parties. D’ailleurs, l’un des avocats de la CSQ a souligné que, selon leurs prétention­s, « il y avait fort probableme­nt une autre source » que la tour de refroidiss­ement de Place Jacques-cartier.

« Seulement 22 personnes de façon certaine peuvent être liées à la bactérie de la tour de la CSQ », a dit Me Dominique Gagné.

Le juge Clément Samson, qui doit entériner l’entente, souhaite rendre sa décision d’ici Noël.

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