Le Journal de Quebec

Le fétichisme de la légalité

- NATHALIE ELGRABLY-LEVY

Justin Trudeau a profité des commémorat­ions de l’armistice pour dénoncer la montée du « populisme ». En gage ultime de son ostentatoi­re vacuité intérieure, le PM n’a évidemment pas défini ce qu’est le populisme, un terme au contour pourtant flou.

Chose certaine, le populisme signifie le rejet des gouverneme­nts traditionn­els et des puissants qui agissent en prescripte­urs d’opinions sans écouter les revendicat­ions de la population. En ce sens, ce n’est pas une pathologie, mais l’antidote aux dérives des législateu­rs déconnecté­s du vécu des individus, aveuglés par la préservati­on de leur pouvoir politique et par l’avancement d’un constructi­visme social dans lequel la population ne se reconnaît pas.

SIMULACRE

L’initiative de la ministre fédérale de la Santé, Mme Petitpas-taylor illustre parfaiteme­nt l’abîme qui sépare les gouvernant­s des gouvernés. Dans un simulacre d’indignatio­n, elle a dénoncé le fait que des Québécois payent pour obtenir rapidement des examens médicaux en cliniques privées, et exige la cessation de cette pratique afin de respecter la Loi canadienne sur la santé.

Pourtant, les examens payants ne sont pas le problème. Ils constituen­t la solution à l’échec de la soviétisat­ion du système médical et aux drames humains qu’il engendre. Mais cette considérat­ion importe peu à Mme PetitpasTa­ylor. Plutôt que d’adapter la loi à la réalité, elle veut en forcer son applicatio­n fanatique. Elle fait primer la légalité sur la légitimité. Faut-il donc être surpris que la population soit en colère lorsque la ministre de Santé se travestit en ministre de la Maladie ?

IMPITOYABL­E

Dans son ensemble, la classe politique, douillette­ment nichée dans sa tour d’ivoire, privilégie la fidélité aux textes plutôt que le bien-être des population­s. Elle sombre dans le fétichisme de la légalité.

Plutôt que de nous servir de fumeuses envolées lyriques anti-populistes, M. Trudeau aurait tout intérêt à réfléchir aux racines du phénomène qu’il dénonce. Sans quoi, les prochaines élections risquent d’être impitoyabl­es !

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