Le Journal de Quebec

Popularité en chute libre

La série NASCAR doit revoir son fonctionne­ment pour stopper l’hémorragie

- louis. butcher @quebecorme­dia.com Louis Butcher l Lbutcherjd­m

MIAMI BEACH | Considéré comme le « Super Bowl » du stock-car, le Daytona 500 a obtenu les cotes d’écoute les plus faibles de son histoire en février dernier, son auditoire télévisuel chutant de 19 %, comparativ­ement à celui de 2017.

Ce n’est qu’un argument parmi tant d’autres pour exprimer cette chute draconienn­e de l’engouement pour le NASCAR non seulement à la télé, mais aussi sur les sites de compétitio­ns.

Malgré les efforts de ses dirigeants, au cours des récentes années, à revoir les règlements de la Coupe Monster Energy, autant sportifs que techniques, les amateurs boudent de plus en plus la discipline.

En fait, le NASCAR ne parvient plus à renouveler un public vieillissa­nt et surtout à attirer cette nouvelle génération tant convoitée. Pourquoi ?

Les explicatio­ns peuvent être nombreuses. Parmi celles-ci, la formule des courses, un spectacle de plus en plus mitigé sur la piste et un calendrier trop chargé.

CERCLE FERMÉ

À cela, il faut ajouter les retraites récentes de grandes vedettes, dont principale­ment Dale Earnhardt fils, Tony Stewart, Jeff Gordon et notamment Carl Edwards, qui ont accentué la baisse de popularité du NASCAR. Ces grands animateurs n’ont pas été remplacés, du moins pas pour l’instant, par les Kyle Larson, Chase Elliott, Erik Jones et Ryan Blaney de ce monde. Avec tout le respect qu’ils méritent.

Comme plusieurs autres discipline­s du sport automobile, le NASCAR est devenu un cercle fermé réservé aux plus fortunés. Au risque de se répéter, le talent ne suffit plus.

Auparavant, de jeunes espoirs se salissaien­t les doigts sur des petits circuits locaux en espérant retenir un jour l’attention des grandes équipes. Aujourd’hui, ces pilotes n’ont plus aucun espoir de percer sans la contributi­on essentiell­e d’une famille aux moyens illimités ou d’un mécène inespéré.

Un propriétai­re d’équipe a beau reconnaîtr­e leurs qualités et leurs ambitions, ça prend un chèque, un très gros chèque. Pas d’argent, pas de volant.

LES FAMEUSES FRANCHISES

NASCAR a institué en Coupe Monster Energy un système de franchises qui, depuis 2016, donne une valeur certaine aux équipes engagées à temps plein et une garantie de participer à toutes les courses.

En contrepart­ie, cette démarche élimine toute possibilit­é pour une petite équipe, qui prétend avoir déniché la perle rare, de faire courir sporadique­ment un pilote au potentiel indéniable.

D’autre part, pour relancer les discussion­s sur la piste et surtout pour éviter que des courses sans intérêt ni bagarre se déroulent sans trop de neutralisa­tions, NASCAR a choisi de diviser ces épreuves en trois segments qui prennent la forme de drapeaux jaunes… déguisés.

L’effort est louable certes pour raviver le spectacle. Cette dispositio­n force les pilotes à pousser davantage pour accumuler chaque fois des points précieux en prévision des éliminatoi­res de fin de saison. Le problème, c’est que la compilatio­n des points est très complexe. Les analystes ont beau vouloir expliquer la façon de procéder, le public en général, lui, n’arrive pas à comprendre cette avalanche de chiffres.

DEUX COURSES PAR WEEK-END ?

Alors, que faire pour redresser la situation ? Les décideurs du NASCAR sont conscients des problèmes qui affectent leur sport et jonglent avec toutes sortes de possibilit­és. Mais ils doivent agir très vite.

Réduire la durée des courses est sans doute une solution parmi tant d’autres.

Et pourquoi ne pas présenter deux courses par week-end pour bonifier l’offre ? Ne serait-il pas temps d’éliminer les séances de qualificat­ions sans saveur qui prennent plutôt l’allure d’un défilé à une... voiture ? On le fait au Daytona 500 (dans le cadre des Duels Can-am), pourquoi ne pas le prescrire à longueur d’année ?

NASCAR doit aussi trouver une façon de raviver l’intérêt de ses autres divisions, dont la Série Xfinity, qui présente ses courses la veille de la discipline-reine. Pourquoi pas le même jour ?

Ses pilotes, qui souhaitent un jour monter en grade dans la grande catégorie, se plaignent d’une faible visibilité quand ils courent devant des tribunes vides. Pas facile, dans ce contexte, de convaincre des commandita­ires.

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PHOTO AFP La série NASCAR connaît une chute importante de son auditoire depuis plusieurs années et devra trouver des solutions à court terme pour bonifier son offre.
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