Les exilés ne veulent pas revenir
Meilleur accompagnement, collègues de bonne humeur, enfants courtois... les enseignants québécois qui travaillent en Ontario n’ont pas l’intention de revenir dans les écoles de la Belle Province.
« Jamais je ne retournerai dans le système public québécois », dit René-paul Lafrance, 42 ans, qui vient de faire le saut en Ontario.
« Il y a tellement de décisions douteuses qui sont prises par les directions d’école », dit-il. Diplomation à tout prix sans égard aux besoins des jeunes, lourdeur administrative, tout cela joue sur le moral des troupes.
MIEUX OUTILLÉS
« Ici [en Ontario], la direction t’appuie, tu te sens écouté, considéré », a-t-il remarqué après quelques semaines dans une école francophone.
Les profs interrogés se sentent aussi mieux accompagnés et outillés. Plusieurs ont même accès à un enseignant qui est libéré pour appuyer ses collègues.
« Ça, c’est merveilleux », salive Mylène Leroux, professeure à L’UQO. Car pendant ce temps, le milieu de l’éducation québécois attend depuis des années que le ministère envoie des lignes directrices pour mieux soutenir les profs, qui sont nombreux à décrocher en début de carrière, rappelle-t-elle.
Jusqu’à récemment, Mariève Gagnon, 40 ans, était dégagée la moitié du temps pour coacher ses collègues dans son école de London.
« J’ai l’impression que les gens sont contents d’être là. Que les enfants sont plus respectueux. »
NUANCES
En revanche, plusieurs avouent s’ennuyer parfois de leur famille en raison de la distance. « Ça me prend 13 heures pour aller les voir au Saguenay–lacSaint-jean », illustre Mme Gagnon.
De plus, la réalité ontarienne n’est pas toute rose : le nombre d’heures travaillées n’est pas moins grand, remarquent plusieurs profs.
Et les enseignants y sont encore plus encadrés et surveillés par leur direction, qui leur présente des objectifs chiffrés de réussite des élèves, remarque David Laroche. « Mais jusqu’à maintenant, l’ontario continue d’être gagnant. »
MYLÈNE LEROUX Professeure à L’UQO