Le Journal de Quebec

De plus en plus de profs passent du Québec à l’ontario

- DOMINIQUE SCALI

De plus en plus de profs passent du Québec à l’ontario et la promesse du gouverneme­nt Legault de hausser le salaire des diplômés n’y changera pas grandchose, selon des étudiants en enseigneme­nt.

« Aller en Ontario, ç’a toujours été dans mes plans », dit Gabrielle Fortin, 27 ans, native de Québec. « J’ai l’impression que du côté québécois, il y a beaucoup de profs qui sont en mode survie […] Des élèves sont laissés à eux-mêmes », dit-elle.

Depuis quatre ans, l’ordre des enseignant­s de l’ontario remarque que le nombre de nouveaux membres qui ont été formés au Québec est en hausse ( voir tableau à la page 8).

Le nombre total d’enseignant­s québécois en Ontario est toutefois en baisse, mais plusieurs soupçonnen­t que cette tendance est due aux départs à la retraite puisque le nombre total de membres de l’ordre est aussi en baisse.

Lejournal a discuté avec six étudiants de l’université du Québec en Outaouais (UQO), située à quelques kilomètres de l’ontario. Cinq songent à commencer leur carrière dans les écoles francophon­es de la province voisine.

JUSQU’À 100 000 $

Le salaire compétitif qu’offre l’ontario est la principale raison mentionnée par les étudiants. C’est aussi celle qu’évoquent les enseignant­s québécois qui ont déjà fait le saut. En fin de carrière, un prof peut même y gagner près de 100 000 $ par année ( voir tableau).

« Le salaire, c’est incomparab­le », s’exclame David Laroche, 43 ans, qui entame sa huitième année d’enseigneme­nt à Woodstock, dans le sud-ouest de l’ontario. Et le coût de la vie n’y est pas plus élevé qu’au Québec, estime-t-il.

Pendant ce temps, les profs québécois sont les moins bien payés au Canada, selon les chiffres de Statistiqu­e Canada.

Depuis son élection, le gouverneme­nt Legault a réitéré son intention de hausser le salaire des profs en début de carrière de 8000 $ en supprimant les six premiers échelons de la grille.

PAS QUE L’ARGENT

Mais plusieurs étudiants et enseignant­s doutent que cette augmentati­on soit suffisante pour retenir les futurs profs ou inciter les exilés à revenir au bercail.

« Ce qui m’intéresse, c’est le dernier échelon. Il faut voir à long terme », dit l’étudiant en 4e année Remi Brun Del Re, 26 ans. La grille ontarienne est d’autant plus alléchante pour lui, qui cumulera deux baccalauré­ats.

Reste que l’argent est loin d’être leur seule motivation. Le climat actuel dans les écoles québécoise­s et le grand soutien dont bénéficien­t les profs ontariens jouent aussi ( voir autre texte).

« Ce n’est pas une mauvaise nouvelle [cette promesse], mais notre profession mérite d’être mieux valorisée », dit l’étudiante Khadidja Titus-ablina, 28 ans, qui compte elle aussi enseigner en Ontario.

« ÉCHELONS CE L’ABOLITION N’EST PAS DE VRAIMENT L’ÉCHELLE [DES PREMIERS SALARIALE], UN INCITATIF [À RESTER AU QUÉBEC] POUR MOI. CE QUI M’INTÉRESSE, C’EST LE DERNIER ÉCHELON. IL FAUT VOIR À LONG TERME. » – Remi Brun Del Re, futur enseignant

 ?? PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI ?? Remi Brun Del Re, 26 ans, terminera son baccalauré­at en enseigneme­nt à L’UQO cette année. Il hésite entre poursuivre ses études à la maîtrise et aller enseigner le français ou l’histoire dans les écoles secondaire­s de l’ontario.
PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI Remi Brun Del Re, 26 ans, terminera son baccalauré­at en enseigneme­nt à L’UQO cette année. Il hésite entre poursuivre ses études à la maîtrise et aller enseigner le français ou l’histoire dans les écoles secondaire­s de l’ontario.

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