Le Journal de Quebec

Nous nous souvenons

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Le Québec a rendu hommage cette semaine à un grand serviteur de l’état : le premier ministre Bernard Landry. Je suis l’un des cofondateu­rs de La Guilde des développeu­rs de jeux vidéo indépendan­ts du Québec, la plus grande coopérativ­e au monde dans ce secteur. J’étais au Club Soda le 10 novembre dernier lorsque nous avons gardé une minute de silence à la mémoire de ce visionnair­e qui a permis l’essor du jeu vidéo au Québec.

Notre initiative a été amplement diffusée sur les médias sociaux, et s’est même invitée dans plusieurs bulletins de nouvelles. Lorsqu’on parle de notre industrie, on en parle souvent en chiffres.

Ça permet de prendre la mesure de ce que nous avons accompli en 20 ans : 206 studios de jeux vidéo à propriété québécoise, 12 000 emplois et des retombées de 145 millions $.

Les chiffres, c’est bien, mais ils masquent souvent l’essentiel. Je voulais prendre cette occasion pour vous partager qu’au-delà des statistiqu­es, le legs du jeu vidéo au Québec, c’est ceci :

1– Un espace d’intégratio­n : Nous étions au festival MEGA cette fin de semaine, et s’il y avait bien une tendance, c’est que tous les Québécois, de toutes les origines et de tous âges, sont capables d’échanger et de collaborer lorsqu’on leur met une manette dans les mains et un défi à relever. D’ailleurs, les jeux vidéo, ce n’est plus que l’affaire des jeunes ! Ma mère, qui est à la retraite, passe beaucoup plus d’heures par semaine à jouer que moi, et c’est rassurant. Plusieurs études démontrent que jouer à des jeux permet de travailler la mémoire, retarde le Parkinson et d’autres maladies dégénérati­ves.

2– Des outils d’apprentiss­age : Une délégation de studios de jeux du Québec est en Inde à l’heure où vous lisez ces lignes. Ils y sont, à la demande de L’UNESCO, pour expliquer comment on crée des jeux éducatifs. L’UNESCO reconnaît que les jeux vidéo et autres logiciels de simulation seront essentiels à l’éducation au 21e siècle.

3– L’art et la technique : Notre industrie est toujours à l’avantgarde de l’intégratio­n de nouvelles technologi­es. La prochaine fois que vous jouerez à un jeu, observez : il y a du dessin, des effets spéciaux, de la musique, du design, de l’intelligen­ce artificiel­le, de la programmat­ion…

4– Un produit qui permet à la culture québécoise de rayonner à l’internatio­nal. On a des créateurs de jeux vidéo qui sont autant connu à l’internatio­nal que le Cirque du Soleil. Nos jeux connaissen­t des succès retentissa­nts partout dans le monde. Ainsi, le jeu The Messenger du studio Sabotage est sélectionn­é au Game Awards, l’équivalent des Oscars au cinéma.

5– Une industrie qui a puissammen­t contribué à revitalise­r des quartiers entiers, à Montréal (MileEnd) et à Québec (Saint-roch).

Nous comptons donc honorer la mémoire de M. Landry. Des délégation­s viennent de partout dans le monde s’inspirer de son modèle, notre modèle.

Nous nous devons de poursuivre son oeuvre en ouvrant de nouveaux programmes de jeu-étude, en incitant les petites filles et les petits garçons à jouer plus et à poursuivre une carrière dans cette industrie captivante menée par des créateurs passionnés.

Nous devons élargir la portée de toutes mesures nous permettant de produire les jeux du futur et de les exporter partout sur la planète.

Alors que M. Landry était exposé en chapelle ardente, l’artiste Anthony Vaucheret a créé une toile hommage à son effigie qui a été signée par plus d’une trentaine de studios de jeux québécois présents et qui sera remise à la famille au moment opportun. Merci, M. Landry. Nous nous souvenons. Pascal Nataf est président d’affordance Studio et cofondateu­r et vice-président de La Guilde des développeu­rs de jeux vidéo indépendan­ts du Québec

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« Alors que M. Landry était exposé en chapelle ardente, l’artiste Anthony Vaucheret a créé une toile hommage à son effigie qui a été signée par plus d’une trentaine de studios de jeux québécois. »

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