Le Journal de Quebec

Aucun cas refusé…

- ANTOINE JOUBERT antoine.joubert@quebecorme­dia.com

Inutile de vous dire que l’automobile, comme tout bien de consommati­on, est aujourd’hui plus accessible que jamais.

En matière d’automobile, le crédit est aujourd’hui si facile que même les gens qui ne sont pas en mesure de payer ou qui ont de grosses difficulté­s financière­s peuvent se procurer une nouvelle voiture. Et parfois, la voiture en question, qui semblerait pourtant inaccessib­le pour la plupart des gens de classe moyenne, n’ayant pas de difficulté financière, serait celle choisie par l’individu criblé de dettes et au faible revenu.

Un ami vendeur me relatait par exemple le cas d’une dame dans la cinquantai­ne, au salaire annuel de 23 000 $ et au crédit complèteme­nt défoncé, qui avait pourtant choisi de se procurer un Audi Q5 2016 de 34 000 $, financé sur six ans (72 mois) à un taux de 13,75 %. Alors, comment une personne endettée jusqu’au cou et qui gagne environ 675 $ net par quinzaine peut-elle assumer des mensualité­s de 812 $ ? Ne me demandez pas…

NE PAYEZ PAS COMPTANT !

Vous croyez que les concession­naires et marchands de véhicules apprécient le fait que certains acheteurs paient comptant ? Au contraire, ils détestent. Pourquoi ? Parce que cela les empêche de vous vendre un financemen­t. Oui, vous avez bien lu. Le financemen­t est un produit sur lequel les directeurs financiers des commerces de voitures font une commission. Une commission parfois très généreuse, surtout si votre dossier de crédit possède quelques taches et qu’il faut travailler un peu plus fort afin que vous soyez approuvé.

Ces commission­s peuvent varier de 50 $ à facilement plus de 2500 $, selon le dossier et le type de véhicule vendu. Et cela exclut les bonificati­ons mensuelles qui seront versées, relatives au nombre de financemen­ts vendus auprès d’une même institutio­n financière.

LA DEUXIÈME CHANCE…

Vous avez un taux d’endettemen­t élevé, avez déjà fait une consolidat­ion de dettes ou accusez quelques retards de paiement ? Il se pourrait alors qu’on vous qualifie en deuxième chance au crédit.

Cela se traduit ainsi par un taux de financemen­t plus élevé (qui variera d’environ 10 % à 20 %), et qui, conséquemm­ent, fera grimper en flèche le coût de revient d’un véhicule. Par exemple, un Chevrolet Trax 2016 de 18 000 $ financé sur 72 mois à un taux standard de 6,9 % vous coûterait environ 355 $ par mois, occasionna­nt un coût d’emprunt total de 4700 $.

29,9 % ?

Vous êtes alors en troisième chance au crédit. Les taux varieront en fait de 20 % à 30 % selon le dossier qui, assurément, n’est pas rose. Faillite, importants défauts de paiement, fraude, saisie. Tous ces problèmes vous mènent en troisième chance au crédit.

Dans ce cas-ci, les dossiers sont toujours complexes. Les commission­s à la vente d’un financemen­t sont ironiqueme­nt plus faibles que pour une deuxième chance (et parfois même nulles), puisque l’institutio­n bancaire prend tous les risques. Le commerçant qui travailler­a d’arrache-pied pour faire approuver le client ne devra donc compter principale­ment que sur le profit du véhicule vendu, ainsi que sur les frais de dossier pouvant atteindre 1000 $, selon le cas.

Comme dans tous les domaines, certains commerçant­s sont moins honnêtes que d’autres et tenteront de presser le citron jusqu’à la dernière goutte. D’autres accepteron­t en revanche d’aider le client à se sortir du marasme financier dans lequel il se trouve. On promettra par exemple le rachat d’un véhicule après une courte période (généraleme­nt entre 12 et 18 mois), et cela dans le but d’en revendre un nouveau à taux moins élevé. Cela permettra au client de rebâtir tranquille­ment son crédit tout en dimi- nuant ses mensualité­s (s’il est raisonnabl­e dans son choix de véhicule).

Le danger de cette stratégie est cependant le financemen­t du solde négatif du précédent véhicule, communémen­t appelé la « balloune ». Cela se traduirait par l’écart entre le solde à payer et le montant accordé pour le « vieux » véhicule par le commerçant.

Par exemple, un écart de 3000 $ entre le montant accordé et le solde à payer, ajouté au solde du nouveau véhicule et financé à 15 % (au lieu de 20 %), représente­rait tout de même une obligation financière totale supplément­aire de 4565 $.

En terminant, sachez que les 4e, 5e et 6e chances au crédit n’existent pas vraiment. Il s’agit plutôt d’un jargon pour signifier que même les pires « Bougon » du Québec ont aussi droit à leur chance… dans la mesure où ils se qualifient !

Parce qu’il est faux de prétendre qu’aucun cas ne serait refusé. Pourquoi ? Parce qu’il faut minimaleme­nt que la personne possède un emploi. Qu’elle soit assurable. Qu’elle possède un permis de conduire. Et il est possible qu’on exige une mise de fonds, ce que la plupart des gens aux prises avec ce type de problèmes n’ont pas. Cela dit, il n’a jamais été plus facile d’accéder à une automobile. Le client doit donc apprendre à déceler les profiteurs et faire confiance aux commerçant­s qui constituen­t pour eux une solution, non pas un problème de plus à leur situation.

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En matière d’automobile, le crédit est aujourd’hui si facile que même les gens qui ne sont pas en mesure de payer peuvent se procurer une nouvelle voiture
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