Le Journal de Quebec

Cessons le traitement présidenti­el

- MICHEL BERGERON michel.bergeron@quebecorme­dia.com

Avec Carey Price, tout est toujours gros. Ça fait 11 ans qu’il est dans l’organisati­on du Canadien et ça fait 11 ans qu’on le traite différemme­nt. Parfois, on a presque l’impression que son entraîneur des gardiens Stéphane Waite et lui forment une équipe dans une équipe.

J’en ai assez qu’on mette le gardien du Canadien sur un piédestal. On l’a tellement vanté au cours des dernières saisons et tenu à rappeler à quel point les succès de l’équipe passeraien­t par lui. J’en viens à me demander si on n’a pas été trop permissif à son endroit, si on l’a traité différemme­nt des autres joueurs.

PROTÉGÉ

On lui a toujours déroulé le tapis rouge et on lui a presque laissé luimême gérer son propre horaire. Lui a-t-on laissé trop d’espace décisionne­l ? La question se pose.

Quand ça va bien dans l’entourage de l’équipe, mais surtout dans les performanc­es du gardien partant, tout le monde a le sourire. Quand ça va mal, toutefois, tout le monde se met soudaineme­nt à marcher sur des oeufs. Les entraîneur­s font attention à ce qu’ils disent dans leurs commentair­es, le directeur général aussi et les joueurs se font tout aussi prudents comme si tout le monde avait peur de le déranger.

Ça doit devenir franchemen­t lourd à porter.

UN VOYAGE BÉNÉFIQUE ?

Price a déjà assez de pression comme ça en raison de son contrat qu’il est totalement inutile de le mettre à l’écart. Je suis persuadé qu’il serait bénéfique pour lui d’être traité au même titre que tous les autres joueurs, qu’on le considère comme « one of the boys ».

Il faut reconnaîtr­e qu’il a été très bon jeudi soir contre les Flames de Calgary et que, sans lui, le Canadien n’aurait pas quitté l’alberta avec deux points en banque.

On a eu l’impression de revoir le Carey Price des beaux jours, celui qui ne pense plus à un million de choses quand il garde les buts et qui s’amuse sur la patinoire.

Maintenant, le CH a pris la route de Vancouver où il affrontera les Canucks, ce soir. C’est à espérer pour les partisans de l’équipe que ce retour dans son patelin lui fera un grand bien.

HUÉES NON NÉCESSAIRE­S

Par ailleurs, même si les partisans de l’équipe ont parfaiteme­nt le droit de le critiquer, je ne pense pas qu’il était habile de leur part de l’applaudir avec sarcasme comme ils l’ont fait lors du match face aux Sabres il y a un peu plus d’une semaine.

Tout ça m’a rendu très mal à l’aise et j’avais peur que Price fasse un geste à la foule comme Patrick Roy l’avait fait en 1995 avant d’être cédé à l’avalanche du Colorado.

Ça me désole de voir à quel point les gens peuvent être méchants ici, mais surtout à quel point ils s’en prennent à des gens qui sont déjà à terre. On n’a qu’à se souvenir de la fameuse saga Patrice Brisebois. Plus on le sentait affecté par la situation, plus les huées se faisaient vigoureuse­s. Je ne comprends pas ce malin plaisir à vouloir huer les joueurs vedettes. Imaginez, Jean Béliveau a déjà été hué à Montréal, tout comme Larry Robinson et Serge Savard.

Il est à souhaiter que ce ne soit qu’un événement isolé. Parce que si la base de partisans du Canadien a vraiment décidé de s’en prendre au gardien chaque fois qu’il connaît un mauvais match, ça deviendra complèteme­nt invivable.

– Propos recueillis par Kevin Dubé

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Le Canadien doit arrêter de traiter Carey Price différemme­nt des autres joueurs de l’équipe.
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