La LNH et le marché européen
La Ligue nationale de hockey a pris un grand risque en implantant une concession dans la capitale du jeu, Las Vegas.
Elle a osé et les propriétaires ont gagné leur pari.
Tenteront-ils maintenant leur chance vers le grand marché européen ?
Le sujet a été abordé la semaine dernière par Bill Daly, le bras droit de Gary Bettman, et Donald Fehr, le directeur général de l’association des joueurs. Maintenant que les propriétaires ont envahi les marchés les plus importants aux ÉtatsUnis, sont-ils prêts à faire le grand saut de l’autre côté de l’atlantique ?
Le marché européen est fort attrayant. D’une part, le hockey jouit d’une forte popularité dans bien des pays et, d’autre part, l’europe offre des perspectives d’avenir non négligeables.
La Ligue nationale de football y présente, au stade Wembley, des matchs de la saison régulière. Les propriétaires songent à ajouter deux autres matchs tout en reconnaissant que l’intérêt d’implanter une concession à Londres grandit chaque année.
La Ligue nationale de basketball, éventuellement, pourrait profiter de la popularité de ce sport en Europe pour tenter une percée. Elle pourrait ainsi augmenter substantiellement ses revenus.
ENGOUEMENT
Par conséquent, envahir l’europe pour les grandes ligues nord-américaines est un sujet qui invite à se pencher sur les planches à dessin et à chercher des solutions pour réussir à créer un engouement chez les investisseurs et les amateurs. Les matchs de la Ligue nationale de hockey en Europe ont connu un succès instantané et c’est la raison pour laquelle, comme le soulignait Daly, on va pousser encore plus pour y présenter plus de matchs.
Quant à Fehr, dont le mandat avec l’association des joueurs prendra fin, semble-t-il, après les négociations de la prochaine convention collective, il n’a jamais caché que la LNH devra éventuellement songer à devenir un circuit à saveur internationale.
Certes, il y a de nombreux obstacles pour le moment. Le plus important concerne les amphithéâtres qui ne répondent pas aux exigences du sport professionnel. Dans plusieurs villes d’europe, on mise sur des amphithéâtres de 12 000 sièges. Cependant, Moscou va se doter d’un amphithéâtre ultramoderne et il est permis de penser qu’un projet d’une ligue internationale inviterait les investisseurs à élaborer des modèles d’affaires ambitieux. Les grandes corporations européennes pourraient y voir un excellent moyen pour vendre leurs produits tout en identifiant un sport qui gagne de plus en plus en popularité chez les jeunes.
PASSAGE EN CHINE
Pourquoi la Ligue nationale de hockey a-t-elle présenté deux matchs en Chine, en septembre dernier ? Parce qu’on veut exploiter de nouveaux marchés. En Amérique du Nord, avec l’arrivée de Seattle et le transfert éventuel de l’arizona à Houston, y a-t-il vraiment d’autres possibilités d’élargir les cadres ?
Avec 32 équipes, et quelques concessions en difficulté, des équipes évoluant dans des marchés ayant des soucis à s’identifier au hockey, Bettman et son groupe doivent maintenant trouver d’autres moyens pour, éventuellement, augmenter les revenus. Jusqu’ici, Bettman a hérité d’une ligue régionale avec des revenus de 500 millions $ par année pour en faire une entreprise engendrant des revenus de plus de 4 milliards $.
Or, que doit-on faire maintenant pour aller plus loin ? Que faire pour affronter un monde des communications en pleine effervescence ?
Présentement, les ligues professionnelles,
tous sports confondus, profitent de la manne des grandes chaînes de télévision, mais avec des coûts de plus en plus exorbitants, le décor pourrait bien changer.
Pendant combien d’années les grandes chaînes pourront-elles investir des milliards de dollars dans le sport professionnel, alors que les habitudes des consommateurs changent de plus en plus, alors que les chaînes généralistes doivent se battre chaque jour contre le web ? Du côté des chaînes spécialisées, la compétition est tellement féroce qu’on se demande si les marchés peuvent fournir les ressources financières nécessaires ?
Le défi des grandes ligues professionnelles est de trouver des moyens pour gonfler leurs revenus en sortant des sentiers battus. Est-ce qu’un élargissement des cadres en Europe représente une solution pour la Ligue nationale de hockey ?
Sans doute.