La petite histoire du Vendredi fou
Au départ, l e terme Black Friday désignait la date du 24 septembre 1869, alors qu’une crise financière avait suivi l’écroulement du marché boursier de l’or aux États-unis. Il est ensuite devenu lié à la consommation. Deux sources revendiquent son appellation. Pour certains, le vendredi noir était le premier jour du quatrième trimestre de l’année (le plus lucratif), où les commerçants commençaient à encaisser des profits avec l’amorce du magasinage des Fêtes. Ils inscrivaient alors dans l eurs livres comptables des chiffres en noir, en opposition aux rouges, qui désignaient des pertes. Selon d’autres, Black Friday trouve son origine dans les années 50, à Philadelphie. Un policier aurait ainsi qualifié un lendemain d’action de grâce rempli d’embouteillages au cours duquel touristes et consommateurs enthousiastes avaient envahi la ville et les magasins à la veille d’une i mportante partie de football. Certains parlent aussi du noir laissé sur le pavé par les pneus des multiples voitures des magasineurs. Dans les années 60, des bien-pensants ont tenté en vain de changer Black Friday pour Big Friday afin d’y supprimer toute connotation négative.
AUBAINES INTÉRESSANTES, MAIS ÉPHÉMÈRES
Si le Vendredi fou génère autant d’intérêt des acheteurs, c’est notamment parce que l’action de grâce américaine est célébrée un jeudi – le quatrième de novembre –, contrairement à un lundi d’octobre chez nous. Plusieurs gens prennent alors congé le lendemain (un jour non férié à l’échelle nationale) et profitent ainsi d’une longue fin de semaine pour magasiner. La qualité des aubaines explique aussi la folie des consommateurs, car les réductions peuvent atteindre jusqu’à 80 %. De plus, les offres sont dévoilées quelques jours d’avance, et leur durée se limite habituellement au seul Vendredi fou. Par conséquent, bien des gens en profitent pour planifier avec minutie leur journée d’emplettes pour ne pas manquer le bateau. De manière générale, la fin de novembre représente, selon Statistique Canada, le moment où les prix à la consommation sont les plus bas. Avec le début de la période des Fêtes, ils remontent et plafonnent vers le 18 décembre, question de profiter de la panique s’emparant des acheteurs retardataires.
UN CONCEPT IMPORTÉ ICI
Au début des années 2000, alors que le
Black Friday prenait de l’ampleur, un nombre grandissant de Québécois et de Canadiens ont commencé à franchir la frontière pour aller profiter des aubaines. En réaction, en 2008, les commerçants d’ici ont décidé d’organiser leur propre Vendredi fou, question de profiter de la manne et de garder les acheteurs au pays. Et l’initiative rapporte, car, l’an dernier, selon une enquête de L’observateur réalisé pour le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), 42 % des Québécois ont participé aux ventes liées au Vendredi fou, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2016. De fait, toujours selon les données du CQCD, deux consommateurs québécois sur trois ont profité de cette longue fin de semaine pour se procurer des cadeaux de Noël, et près de la moitié en ont acheté un ou plusieurs sur le web lors du Cyberlundi ( Cyber Monday).
LUCRATIF CYBERLUNDI
C’est en 2005 que celui-ci est apparu, d’abord aux États-unis, puis chez nous trois ans plus tard. Dès la première année, 77 % des détaillants en ligne ont observé une hausse des ventes comparativement aux lundis suivant l’action de grâce des années précédentes. Le Cyberlundi a aussi permis à de plus petits commerçants de rivaliser avec les grandes chaînes aux multiples succursales.