« Nous avons évité le pire »
Jean-françois Lisée ne regrette rien malgré la déconfiture de son parti aux dernières élections L’attaque lancée à Manon Massé au Face à Face de TVA en campagne électorale a permis de freiner la saignée des appuis du PQ au profit de QS, estime l’ex-chef
« Le danger, c’était que si Québec solidaire continuait sa montée d’un point par jour, ils allaient nous dépasser une semaine avant le vote. Et nous allions vivre la dernière semaine de la campagne en étant déclassés, en étant quatrièmes », a-t-il déclaré hier matin à son arrivée au Conseil national des présidents et des présidentes du Parti québécois, qui vise à faire un bilan de la récente campagne électorale.
Lors du débat, M. Lisée avait laissé planer le doute sur le véritable leader de la formation de gauche en lançant à Manon Massé : « Qui tire les ficelles à Québec solidaire ? » La formation de gauche est représentée par deux co-porte-paroles, mais compte également un « chef » de parti, inconnu du grand public pour des raisons statutaires.
M. Lisée explique aujourd’hui que sa stratégie visait à « éviter le pire ». « Le pire, c’est que l’ensemble des Québécois se disent, dans la dernière semaine : le PQ est quatrième, donc c’est plus la peine de voter PQ », a-t-il évoqué.
« Il y a une période de trois ou quatre jours où de vraies questions ont été posées et QS n’a pas franchi le Parti québécois dans la dernière semaine. Donc, nous avons évité le pire », ajoute M. Lisée, lui-même défait dans sa circonscription de Rosemont.
AUCUNE ERREUR
Malgré les nombreuses critiques sur ses stratégies avant et pendant la campagne électorale, Jean-françois Lisée dit assumer l’ensemble de ses décisions. Toutefois, il refuse de porter la responsabilité de la défaite de son parti, qui a obtenu, le 1er octobre dernier, son pire score depuis 1973. « Ce serait tellement plus simple de dire ça, [mais] ce ne serait pas la vérité », affirme-t-il.
« La vérité, elle est plus complexe que ça. Je pense que la volonté des Québécois de se débarrasser des libéraux en utilisant l’instrument de la CAQ était plus forte que tout », poursuit-il, ne se reconnaissant aucune erreur en campagne électorale.
Le chef démissionnaire ajoute que « ça ne sert à rien d’essayer de s’autoflageller », même s’il reconnaît la pertinence de dresser un bilan de la campagne. « Mais l’humilité, aussi, c’est de se dire que l’élection n’était pas à notre sujet », dit M. Lisée.
De façon un peu énigmatique, M. Lisée a promis de s’exprimer publiquement, « au début de l’an prochain », sur son expérience de la campagne électorale, les leçons qu’il en retire et sa contribution pour « la suite du débat sur le Parti québécois ». « Non, ce ne sera pas un livre », a lancé, en riant, l’auteur de nombreux ouvrages.
REDEVENIR L’ALTERNATIVE
Pour sa part, le chef parlementaire intérimaire Pascal Bérubé estime que le PQ a été défait parce que les Québécois voulaient se débarrasser des libéraux et « ont considéré que la Coalition avenir Québec était le meilleur véhicule pour y arriver ».
« Alors, l’enjeu que ça représente pour nous, c’est : pourquoi on n’a pas été cette alternative-là et comment on peut le devenir pour la prochaine élection ? », dit-il.
« LE PIRE, C’EST QUE L’ENSEMBLE DES QUÉBÉCOIS SE DISENT, DANS LA DERNIÈRE SEMAINE : LE PQ EST QUATRIÈME, DONC C’EST PLUS LA PEINE DE VOTER PQ. » – Jean-françois Lisée