Le Journal de Quebec

Les lunettes roses

Jean-philippe aime ça, signer des pétitions. Il en signe au moins quatre par jour.

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Hier, c’était pour la paix dans le monde, contre le patriarcat, pour un meilleur partage des richesses et contre le tourisme de masse. Demain, ça sera peut-être contre la chasse à courre et pour le boycottage des peintures Sico. Ça dépend des courriels qu’il va recevoir.

Rien de plus facile que de signer une pétition…

UN PETIT PAS

Chaque fois que Jean-philippe signe une pétition, il se sent bien. « J’ai fait un petit pas pour améliorer le monde », se dit-il.

C’est comme au lendemain de l’attentat au Bataclan.

Dès qu’il a appris la nouvelle, Jean-philippe n’a pas perdu une seconde : il s’est tout de suite précipité sur son ordi pour publier un drapeau de la France sur sa page Facebook en guise de soutien aux familles des victimes.

Ça va mettre un peu de baume sur leurs blessures, s’est-il dit. Puis il est sorti sur son balcon et a allumé une chandelle. « Mes pensées sont avec vous en ce jour tragique », a-t-il écrit sur Twitter.

Jean-philippe aime beaucoup Justin Trudeau.

Voilà un politicien qui a le coeur à la bonne place ! Il n’est pas comme Stephen Harper qui était froid comme un glaçon, non. Il s’émeut. Il partage sa peine. Il compatit. Il s’apitoie. Et il demande pardon. Souvent, régulièrem­ent. La voix tremblante et l’oeil humide.

Il n’a pas peur de montrer ses émotions, Justin, au contraire : il ne rate jamais une occasion de le faire. Tout événement est bon pour montrer à la face du monde à quel point il est charitable, bienveilla­nt. Sensible.

NON AU CYNISME

Ce que Jean-philippe n’aime pas ? Les cyniques. Hou, les vilains. Hou, les casseux de party. Toujours à mettre le doigt sur le bobo et à chercher la petite bête noire.

Oui, tel chanteur qui milite pour l’environnem­ent possède plusieurs autos de luxe qui roulent à l’essence.

Et alors ? Nous avons tous nos contradict­ions, non ?

Au moins, il composte. Tous les jours.

Il ne jette jamais ses pelures de patates à la poubelle. C’est un beau geste, non ? Et il a écrit une belle chanson sur l’environnem­ent, qu’il chante dans tous les festivals d’été aux quatre coins de la province, afin de sensibilis­er ses fans.

Voilà une belle façon de faire avancer la cause !

Il l’a chantée, l’autre jour, au Salon du camping-caravaning. Et il va la chanter de nouveau lors de sa prochaine tournée, qui le mènera de Gaspé à Val-d’or, en passant par la Beauce et Gatineau.

Gracieuset­é de Loto-québec, Eska et une grosse banque qui planque des millions de dollars chaque année dans des paradis fiscaux.

LES MÉCHANTS

Non, Jean-philippe n’aime vraiment pas les cyniques.

À quoi ça sert de dénoncer l’hypocrisie de certains donneurs de leçons ? De dire que tel humoriste qui se dit féministe se conduit de façon dégueulass­e avec les femmes ou que telle chanteuse qui prône l’entraide et la solidarité est la personne la plus pingre de tout le showbiz ? C’est pas beau. Ça fait de la peine et c’est contre-productif.

Jean-philippe, lui, préfère voir la vie en rose. Ça apaise ses angoisses et ça l’aide à mieux dormir la nuit.

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