Le Journal de Quebec

Je voudrais tant qu’il revienne!

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J’étais si heureuse avec mon mari et mon fils avant que cette maudite maladie ne vienne ruiner ma vie. À 41 ans l’an dernier, on m’a opérée d’un cancer du col de l’utérus. Ce fut une épreuve terrible que je ne souhaite à aucune femme. Je fus diagnostiq­uée lors d’un examen gynécologi­que de routine. On m’a opérée, mais ça ne m’a pas évité les traitement­s qui furent dévastateu­rs.

J’ai perdu du poids, perdu mes cheveux et surtout perdu la possibilit­é d’avoir des enfants. Heureuseme­nt que j’avais déjà eu mon fils, sinon ça m’aurait tuée sur le coup. Le chum que j’avais alors a mal pris la chose. Il m’a soutenue pendant quelques mois, mais il a démissionn­é devant la lourdeur de la tâche. Comme bien d’autres, il a levé les pattes pour me laisser seule avec ma douleur.

Heureuseme­nt, le père de mon fils l’a repris avec lui à plein temps pour me soulager et lui permettre de poursuivre son secondaire dans une atmosphère plus saine qu’auprès d’une mourante. Devant le vide de mon existence et l’impossibil­ité que j’avais de reprendre le boulot à cause d’une très grande faiblesse, je suis retournée vivre chez mes parents qui m’ont accepté les bras grands ouverts.

Mais je ne me sors pas de ma peine. Celle d’avoir été frappée par la maladie d’abord, mais surtout celle d’avoir perdu mon amoureux. Cet homme qui était mon double et dont j’avais enfin croisé la route après une longue recherche suite à ma séparation d’avec le père de mon enfant, n’avait pas la force (du moins c’est ce qu’il m’a donné comme excuse) de poursuivre la route avec une malade. Je me sens désormais comme une épave et je ressens au plus profond de moi-même une immense sensation d’échec.

Je passe des heures entières à pleurer mon amour perdu. Et c’est plus fort que moi puisque je ne pense qu’à une seule chose, l’avoir de nouveau à mon chevet, prêt à se battre avec moi comme aux premiers temps de ma maladie. Pendant ce temps-là mon médecin traitant trouve que je ne remonte pas vite la côte et il s’inquiète pour moi sans connaître le fin fond de l’histoire

Je suis convaincue qu’avec lui j’aurais moins de mal à récupérer. Je suis perdue même avec mes parents à mes côtés et je ne trouve aucun réconfort dans l’amour de mon fils. Qu’est-ce que ça me donne de vivre si cet homme ne revient pas? Âme à la dérive

Je comprends que la blessure d’abandon soit difficile à avaler, mais ce n’est pas en vous accrochant à un leurre que vous allez augmenter vos chances de guérison. Il faut vous rendre à l’évidence que cet homme, ou bien ne vous aimait pas assez ou bien a pris peur à l’idée de rester à vos côtés dans l’épreuve. Et de ce fait, il faut cesser d’espérer en vain son éventuel retour.

Il faut passer à autre chose. Ce qui est passé est passé. Il faut désormais compter avec ceux qui vous soutiennen­t, soit vos parents et votre fils. Puisez en eux l’amour dont vous avez besoin pour combattre.

Il faut absolument informer votre médecin traitant de votre état psychologi­que. Ça devient urgent. Car vous devez savoir que la guérison du corps est intimement liée à celle de l’esprit. La dépression qui vous a envahie risque de s’incruster si vous ne faites rien. À un moment où vous devriez disposer de toute votre énergie pour combattre la maladie, vous en gaspillez un maximum pour une chimère.

Il est temps de vous reprendre, mais vous ne pourrez le faire sans une aide psychologi­que que vous devez aller chercher au plus vite. Votre santé et même votre vie future en dépendent. Devenez votre meilleure amie!

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