Le Journal de Quebec

Mea culpa péquiste

- CLAUDE VILLENEUVE Directeur Opinions claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

C’est un classique. Après une défaite électorale, les péquistes se réunissent pour se demander ce qui n’a pas marché. La direction sortante affirme qu’elle a mené une excellente campagne, pendant que des voix s’élèvent pour dire qu’il aurait fallu être plus souveraini­stes et plus à gauche.

Autrement dit, les discussion­s entendues lors de la conférence nationale des présidents du Parti québécois en fin de semaine avaient des airs de déjà-vu, à la différence qu’on doit désormais les tenir dans un amphithéât­re de cégep plutôt que dans un hôtel.

RÉALIGNEME­NT

Généraleme­nt, le débat perdure jusqu’à la campagne électorale suivante sans n’être jamais vidé. Jadis, on s’en remettait à l’alternance ou à des changement­s dans la conjonctur­e pour espérer un retour de balancier favorable au PQ.

Cette fois-ci, ça ne pourra se passer comme ça. Parce que la dernière élection en fut une de réaligneme­nt, emmenant au gouverneme­nt un nouveau parti, et parce que le Parti québécois a désormais un compétiteu­r qui se bat à armes égales dans le coin souveraini­ste et progressis­te du cadran électoral.

Cela dit, la question de base, elle, ne change pas, et ce, depuis le référendum de 1995. À quoi doit servir le PQ alors que son option fondamenta­le a été rejetée deux fois par les Québécois et où une troisième tentative, pour l’heure très hypothétiq­ue, doit nécessaire­ment se solder par la victoire ?

À cela, on peut répondre en évoquant le contexte, comme l’ont fait l’ancien chef Jean-françois Lisée, le chef intérimair­e Pascal Bérubé et l’ex-député Nicolas Marceau. Les Québécois voulaient virer les libéraux et la CAQ était mieux placée pour le faire.

Si le raisonneme­nt est court et évite des questionne­ments qui exigeraien­t de douloureux mea culpa, il a au moins le mérite de porter l’attention sur la structure du débat politique québécois et sur la contributi­on que le PQ devrait y apporter.

Immanquabl­ement, ça revient aux choix qui furent faits pour la dernière campagne. C’était l’air du temps, le chef Jean-françois Lisée a tablé sur des engagement­s ciblés pour les familles, comme les lunchs à l’école et l’applicatio­n pour favoriser le covoiturag­e.

Or, il est difficile de se distinguer des adversaire­s avec de telles propositio­ns et s’il est vrai que l’approche du PQ obtenait d’abord un succès d’estime, celui-ci s’est dissous dans l’attaque tardive et inélégamme­nt lancée contre Manon Massé et l’organigram­me de QS. À la fin, on a oublié d’expliquer aux électeurs progressis­tes et souveraini­stes ce que le PQ pouvait amener que ses opposants n’avaient pas.

L’APPROCHE DU PQ

Lors de son discours devant le congrès de son parti, en septembre 2017, Jean-françois Lisée avait esquissé l’approche du PQ en la résumant à trois éléments. Le PQ croit au Québec, croit à l’état et croit à l’existence d’une identité québécoise, chacun de ces aspects permettant de le distinguer respective­ment du PLQ, de la CAQ et de QS.

C’est ce qu’on a peu expliqué, en campagne, oubliant pour incarner tout ça et rappeler l’ancrage souveraini­ste du Parti québécois de formuler une critique complète et constante du régime fédéral et du gouverneme­nt Trudeau.

Un raffermiss­ement de la posture souveraini­ste du Parti québécois ne peut à lui seul suffire à le raplomber. Dans un contexte où le parti de René Lévesque a désormais de la compétitio­n sur tous ses axes traditionn­els, sa pertinence ne se prouvera que par ce que personne d’autre n’est prêt à offrir.

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L'ex-chef du Parti québécois, Jean-françois Lisée

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