Le Journal de Quebec

Aller très loin sous terre pour dénicher des diamants

Les travailleu­rs de la première mine de diamants au Québec mènent une vie parallèle à la nôtre dans le froid et la boue à près de 300 mètres sous le sol

- FRANCIS HALIN

MONTS OTISH | Chaque jour dans le nord du Québec, des travailleu­rs de l’ombre bravent le froid et la boue pour aller creuser le ventre de la mine Renard à la recherche du diamant qui fera briller leurs yeux.

À 350 kilomètres au nord de Chibougama­u, la minière québécoise Stornoway a créé de toutes pièces « un village » aux allures de bunker moderne avec son propre aéroport en plein coeur des monts Otish.

Plus de 600 personnes gagnent leur vie là-bas. Près de 20 % sont des Cris qui connaissen­t la région de la Baie-james comme le fond de leur poche. De l’usine à la mine, en passant par les cuisines, ces travailleu­rs mènent une vie parallèle à la nôtre.

À la mine, près de 300 mètres sous terre, on travaille 11 heures par jour, sans arrêt, 14 jours d’affilée, avant d’avoir droit à deux semaines de repos bien méritées.

On gagne un bon 100 000 $ par année grâce à des « primes à la performanc­e », qui poussent les miniers à redescendr­e dans les couloirs visqueux de la mine dès qu’ils le peuvent pour gonfler leur chèque de paye.

JOURNÉE TYPIQUE

Au petit matin, alors que le soleil peine encore à montrer ses premiers rayons, ils sont des dizaines à laisser leur chambre exiguë du dortoir pour prendre le chemin de la cafétéria.

À sept heures tapantes, ils enfilent salopettes, bottes et casques, puis s’enfoncent dans les galeries noires de la mine pour donner congé à leurs collègues de nuit. Jusqu’à 18 heures, ils perceront son coeur sans voir la lumière du jour.

À l’heure du midi, pas le temps de remonter à la surface pour aller dîner. Beaucoup préfèrent avaler leur lunch dans la poussière et reprendre le travail au plus vite pour avoir droit à une meilleure prime.

À 18 h, à la fin de leur quart, les derniers travailleu­rs sortent de la mine en camion, sales, épuisés par leur marathon, heureux de respirer enfin l’air frais du Nord.

Quelques instants plus tard, quand il n’y a plus personne dans les couloirs de boue grise, on procède à une série d’explosions pour « ouvrir » de nouvelles galeries à explorer.

Une fois la fumée dissipée, l’équipe de nuit débarque à son tour dans les entrailles de la mine de diamants pour poursuivre la chasse au trésor sans fin.

La production commercial­e de la mine Renard a commencé l’an dernier. Stornoway prévoit une production annuelle de diamants de 1,8 million de carats ces dix prochaines années.

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Le dynamiteur Dany Dubé a de la chance parce que sa conjointe travaille elle aussi à la mine. « Elle est de nuit, moi, de jour. Ils ne veulent pas que l’on soit trop fatigués », dit-il à la blague.
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