Aller très loin sous terre pour dénicher des diamants
Les travailleurs de la première mine de diamants au Québec mènent une vie parallèle à la nôtre dans le froid et la boue à près de 300 mètres sous le sol
MONTS OTISH | Chaque jour dans le nord du Québec, des travailleurs de l’ombre bravent le froid et la boue pour aller creuser le ventre de la mine Renard à la recherche du diamant qui fera briller leurs yeux.
À 350 kilomètres au nord de Chibougamau, la minière québécoise Stornoway a créé de toutes pièces « un village » aux allures de bunker moderne avec son propre aéroport en plein coeur des monts Otish.
Plus de 600 personnes gagnent leur vie là-bas. Près de 20 % sont des Cris qui connaissent la région de la Baie-james comme le fond de leur poche. De l’usine à la mine, en passant par les cuisines, ces travailleurs mènent une vie parallèle à la nôtre.
À la mine, près de 300 mètres sous terre, on travaille 11 heures par jour, sans arrêt, 14 jours d’affilée, avant d’avoir droit à deux semaines de repos bien méritées.
On gagne un bon 100 000 $ par année grâce à des « primes à la performance », qui poussent les miniers à redescendre dans les couloirs visqueux de la mine dès qu’ils le peuvent pour gonfler leur chèque de paye.
JOURNÉE TYPIQUE
Au petit matin, alors que le soleil peine encore à montrer ses premiers rayons, ils sont des dizaines à laisser leur chambre exiguë du dortoir pour prendre le chemin de la cafétéria.
À sept heures tapantes, ils enfilent salopettes, bottes et casques, puis s’enfoncent dans les galeries noires de la mine pour donner congé à leurs collègues de nuit. Jusqu’à 18 heures, ils perceront son coeur sans voir la lumière du jour.
À l’heure du midi, pas le temps de remonter à la surface pour aller dîner. Beaucoup préfèrent avaler leur lunch dans la poussière et reprendre le travail au plus vite pour avoir droit à une meilleure prime.
À 18 h, à la fin de leur quart, les derniers travailleurs sortent de la mine en camion, sales, épuisés par leur marathon, heureux de respirer enfin l’air frais du Nord.
Quelques instants plus tard, quand il n’y a plus personne dans les couloirs de boue grise, on procède à une série d’explosions pour « ouvrir » de nouvelles galeries à explorer.
Une fois la fumée dissipée, l’équipe de nuit débarque à son tour dans les entrailles de la mine de diamants pour poursuivre la chasse au trésor sans fin.
La production commerciale de la mine Renard a commencé l’an dernier. Stornoway prévoit une production annuelle de diamants de 1,8 million de carats ces dix prochaines années.