Le Journal de Quebec

6 mois dans la collectivi­té pour le dentiste Yvan Fortin

« Ce n’est pas assez », dit l’une des victimes d’agression

- SOPHIE CÔTÉ

Après avoir reconnu hier avoir agressé sexuelleme­nt 10 femmes avec qui il a travaillé sur deux décennies, le docteur Yvan Fortin a écopé d’une peine d’emprisonne­ment de six mois dans la collectivi­té. « Une sentence bonbon », a déploré l’une des victimes.

Sylvie (prénom fictif) a été victime pendant quelques années de Fortin, une sommité en matière d’implants dentaires, jusqu’à devoir quitter son emploi.

Comme les neuf autres plaignante­s, des employées, elle a subi des attoucheme­nts sexuels de l’accusé de 67 ans, qui plaçait son genou de façon à toucher son pubis lorsqu’elle l’assistait pour des chirurgies.

Fortin a admis, hier, en plaidant coupable le jour où devait s’ouvrir son procès, que cette position de travail avait pu provoquer « des contacts non consensuel­s » et « un inconfort » chez les victimes, portant atteinte à leur intégrité sexuelle.

Selon ses prétention­s, cette position visait, notamment, à réduire les risques de complicati­on.

Malgré des avertissem­ents du directeur de la clinique à la fin des années 1990, Fortin a continué ses agissement­s.

« C’était au point d’avoir mal au niveau de la partie pubienne comme si vous étiez tombé sur une barre de bicycle à la fin d’une journée », a soutenu Sylvie à la sortie de la salle d’audience.

La peine d’emprisonne­ment dans la collectivi­té est le fruit d’une entente entre la poursuite et son avocat, Me Maxime Roy, après de longues négociatio­ns.

« Même s’il ne s’agit pas d’une peine sévère, elle constitue une peine d’incarcérat­ion », a dit le juge Steve Magnan avant d’entériner la suggestion des parties, l’estimant raisonnabl­e.

PEINE CLÉMENTE

La peine est clémente, a convenu la poursuite, mais elle tient compte du risque de récidive nul de l’accusé. Fortin, qui s’est départi de sa clinique à la suite des accusation­s, ne pratique plus, sauf pour donner des formations. Il avait été radié un an par son ordre profession­nel en 2016.

« Confiné chez eux dans son château pour six mois [...]. Pour moi, ce n’est pas assez pour ce qu’il a fait subir, l’anxiété, la colère, la perte de travail... Plusieurs ont été en arrêt de travail », a affirmé Sylvie.

Fortin sera assigné à domicile pour les trois premiers mois de sa peine et devra respecter un couvre-feu ensuite. Tant pendant sa peine que pendant la période de probation d’un an qui lui a été infligée, il pourra offrir des formations, mais il lui est interdit d’effectuer tout acte de médecine dentaire nécessitan­t la présence de personnel.

Il sera aussi inscrit pendant 10 ans au registre des délinquant­s sexuels et devra fournir aux autorités un échantillo­n de son ADN.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Le chirurgien dentiste Yvan Fortin, accusé depuis 2014, a plaidé coupable, hier, alors que devait s’amorcer son procès.
PHOTO STEVENS LEBLANC Le chirurgien dentiste Yvan Fortin, accusé depuis 2014, a plaidé coupable, hier, alors que devait s’amorcer son procès.

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