Le Journal de Quebec

Héma-québec veut réduire le délai d’exclusion

- PASCAL DUGAS BOURDON

Héma-québec et la Société canadienne du sang demandent de réduire de douze à trois mois la période d’abstinence à observer entre une relation sexuelle entre hommes et un don de sang.

Selon ce qu’a appris l’agence QMI, les deux organismes en sont à préparer une soumission à Santé Canada, qui aura le dernier mot sur les règles applicable­s partout au pays.

Depuis août 2016, un homme qui a une relation sexuelle avec un homme doit attendre 12 mois avant de pouvoir donner du sang, peu importe s’il portait un condom ou s’il est dans une relation stable.

Le délai était précédemme­nt de cinq ans, et, avant juillet 2013, il était impossible pour un homme qui avait déjà eu une relation homosexuel­le de donner du sang.

Selon le porte-parole d’héma-québec Laurent-paul Ménard, « environ deux fois plus d’hommes ayant déjà eu dans le passé une relation sexuelle avec un autre homme seront admissible­s selon la nouvelle politique », mais l’impact réel sur les dons de sang est difficile à estimer.

PAS DE RISQUE POUR LA SANTÉ

Héma-québec assure que le changement ne mettra pas à risque les receveurs, puisque l’organisme utilise « une gamme de tests de dépistage de haute précision ».

Malgré cette efficacité, « le risque de ne pas détecter un don de sang infecté, si minime soit-il, n’est pas nul », ce qui « explique pourquoi nous interdison­s des donneurs à haut risque d’infection transmissi­ble par le sang. »

« Encore aujourd’hui, l’incidence et la prévalence de l’infection au VIH [chez les homosexuel­s] sont au moins 10 fois celles observées parmi la population hétérosexu­elle », a fait savoir Héma-québec.

L’organisme a fait une demande de réduction à trois mois, car il s’agit de la période maximale pendant laquelle quelqu’un peut être infecté sans que les tests le détectent.

STIGMATISA­TION

Chez Gris Québec, un organisme de Québec qui vise à démystifie­r l’homosexual­ité et la bisexualit­é, on accueille favorablem­ent l’initiative d’héma-québec.

« On doit applaudir ces changement­s-là, mais aussi avoir confiance que si on parle de trois mois maintenant, dans relativeme­nt peu de temps on annulera [le délai d’interdicti­on] », a commenté André Tardif, directeur général de l’organisme.

« Lorsqu’on vous dit que votre sang n’est pas bon, il y a quelque chose de symbolique, de très très fort. C’est un interdit qui a certaines répercussi­ons sur le regard qu’on porte sur soi, sur notre communauté », a-t-il ajouté.

Newspapers in French

Newspapers from Canada