Le Journal de Quebec

Une seule de ces jumelles est soignée

La fillette reçoit un médicament prometteur, mais pas sa soeur, aussi atteinte

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Une fillette de sept ans souffrant d’une grave maladie dégénérati­ve prend du mieux grâce à un médicament prometteur tandis que sa soeur jumelle, aussi malade, n’y a pas droit.

« Madeleine a gagné en endurance et en force. C’est extraordin­aire », réagit le père, Guillaume Boursier.

« Elles sont à la veille de se rejoindre. Constance décline et Madeleine prend du mieux », dit-il.

Âgées de sept ans, les jumelles Madeleine et Constance Boursier sont atteintes d’amyotrophi­e spinale (AS). Affectant les muscles, cette maladie génétique contraint souvent les enfants au fauteuil roulant, et certains meurent en bas âge .

Chez les Boursier, Madeleine est plus gravement touchée (type 2) que sa soeur (type 3). Elle n’a jamais marché, alors que Constance réussit encore à faire la journée en classe sans support. Au retour de l’école, Constance se déplace dans la maison, alors que sa soeur est confinée au sofa.

La famille de Repentigny a investi plus de 30 000 $ pour adapter la maison. Malgré la maladie, les jumelles ont un sourire contagieux.

GRANDS PROGRÈS

En 2015, la famille a reçu une excellente nouvelle : Madeleine était acceptée pour des essais cliniques du médicament prometteur Spinraza. Seulement deux enfants de type 2 ont été choisis au Québec.

Très terre à terre par rapport aux gains possibles, les parents ont noté de grands progrès après six mois (meilleure résistance dans les jambes, plus d’équilibre, etc.).

« Elle fait beaucoup de choses qu’elle n’a jamais été capable de faire avant », dit son père.

Et malgré les poussées de croissance, qui font souvent régresser, Madeleine continue de s’améliorer. Récemment, un médecin leur a même évoqué la possibilit­é qu’elle marche un jour.

À l’inverse, Constance perd de plus en plus de capacités. Après avoir vu les énormes progrès de Madeleine, les parents ont bien tenté de lui obtenir un traitement, mais il n’y a pas eu d’essais cliniques pour les types 3.

« On en a une qui monte, et une qui baisse », dit la mère, déçue.

« On est convaincus que si Constance a le médicament demain matin, elle va marcher, courir, sauter probableme­nt », croit la mère.

MÉDICAMENT RÉÉVALUÉ

Depuis le 15 novembre dernier, le Spinraza est remboursé pour les enfants atteints D’AS de type 1.

Or, l’institut national d’excellence en santé et services sociaux déposera une réévaluati­on du médicament au gouverneme­nt d’ici la fin 2018.

Par la suite, la ministre de la Santé et des Services sociaux pourrait décider de rembourser le Spinraza pour les types 2 et 3.

À un mois du 8e anniversai­re des jumelles, les parents sont plus optimistes que jamais que Constance obtienne le médicament.

PLUS DE 350 000 $

« Je ne peux pas croire qu’ils vont maintenir la décision qu’il n’y a pas de preuve que ça marche. Qu’ils envoient deux spécialist­es passer une semaine chez nous, ils vont bien le voir ! » dit M. Boursier.

S’ils décidaient de payer eux-mêmes le Spinraza pour Constance, la facture dépasserai­t les 350 000 $ par année. Un montant qu’ils ne peuvent débourser.

« Le seul recours qu’on a, c’est que ce soit inscrit sur le régime public », dit la mère.

« L’élite a droit au médicament, et c’est tout », déplore-t-elle.

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? Âgées de 7 ans, Constance (gauche) et Madeleine Boursier sont atteintes d’amyotrophi­e spinale. Depuis 2015, Madeleine reçoit un traitement en essais cliniques. Amélie Dionne-martel et Guillaume Boursier espèrent que Constance l’obtiendra bientôt.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Âgées de 7 ans, Constance (gauche) et Madeleine Boursier sont atteintes d’amyotrophi­e spinale. Depuis 2015, Madeleine reçoit un traitement en essais cliniques. Amélie Dionne-martel et Guillaume Boursier espèrent que Constance l’obtiendra bientôt.

Newspapers in French

Newspapers from Canada