Lâchez-nous avec le Pastagate !
Mon collègue de La Presse Patrick Lagacé y allait hier d’une chronique « en bilingue ». Sa version anglaise s’adressait aux chroniqueurs canadiens-anglais indifférents au combat des Franco-ontariens, mais toujours prêts à déchirer leur chemise dès qu’il s’agit de la minorité anglo-québécoise. Fort bien.
Là où le bât blesse, est dans sa référence au Pastagate, ce supposé scandale datant de 2013. Comme bien d’autres avant lui, il le résume ainsi : « Un inspecteur zélé de l’office québécois de la langue française avait voulu sanctionner un restaurateur montréalais, car des mots de son menu étaient en... italien. L’affaire avait fait le tour du monde, et c’était bien fait pour L’OQLF. J’avais aussi raillé le zèle de L’OQLF. »
FAIT CRUCIAL
Or, il manque un fait crucial. Contrairement à ce que l’on colporte depuis, la plainte originelle du client déposée à L’OQLF ne portait PAS sur la présence de mots italiens - ce qui n’est tout de même pas un détail. Le 3 mars 2013 : Le Devoir rapportait que cette plainte « portait sur la présence de l’anglais sur un menu, pas de l’italien ».
Le plaignant, précisait Le Devoir, « a raconté avoir porté plainte parce qu’on lui a présenté un menu rédigé en italien et en anglais lors d’une visite au Buonanotte. […] Ce n’est pas la présence des pasta, insalata et autres calamari qui l’ont choqué, mais la traduction uniquement anglaise. Le restaurant compte deux menus distincts où tous les plats portent leur nom italien, suivi d’une traduction française ou anglaise. Or, il semble que l’inspecteur de L’OQLF […] se soit fait présenter le menu italo-français lors de sa visite. Son attention a donc été attirée par la présence prédominante de l’italien. »
Bref, le Pastagate, c’est la plus parfaite illustration d’une maxime anglaise bien connue : never let the facts get in the way of a good story
(ne laissez jamais les faits entraver une bonne histoire). Alors, s’il vous plaît, lâchez-nous avec le Pastagate. Comme on dit en italien : basta !