L’exclusion inacceptable
L’appétit pour l’ouverture d’un plus grand nombre de classes spéciales destinées aux élèves en difficulté connaît une recrudescence dans le contexte d’un nouveau ministre de l’éducation qui l’évoque lui-même.
C’est toutefois une très mauvaise idée pour le parcours judicieux de milliers d’élèves.
Le ras-le-bol des enseignants qui croulent sous la tâche devenue un fardeau est compréhensible, mais les élèves les plus démunis ne doivent pas en payer le prix en étant astreints à un parcours de vie peu prometteur.
SOLUTIONS BOITEUSES
Il y a beaucoup d’empressement pour signifier au nouveau ministre la voie à suivre, à commencer par des enseignants qui essaient tant bien que mal de survivre dans leur classe. Des propositions classiques ressurgissent comme celles d’ouvrir plus de classes spéciales, de baisser le nombre d’élèves dans les classes et d’ajouter plus de ressources professionnelles en adaptation scolaire, comme si on voulait éloigner tout élève dérangeant.
Malheureusement, la plupart des enfants orientés vers des cheminements particuliers ne retrouvent jamais un parcours régulier. Quant à la diminution du nombre d’élèves dans les classes, il n’existe pas de données probantes pour confirmer l’efficacité d’une telle mesure. L’ajout de professionnels est sûrement la voie la plus prometteuse si on évite de saupoudrer les services et qu’on identifie adéquatement quelques priorités.
SOUHAITS
Si je devais conseiller le ministre, je suggérerais d’ajuster le programme de formation pour prévenir les difficultés en lecture dès les premières années de fréquentation scolaire, d’abolir les classes à caractère sélectif et de revoir la formation initiale des enseignants pour qu’elle inclue une part importante de compétences en adaptation scolaire.
Ainsi, la plupart des élèves connaîtraient un parcours régulier dans une classe plus équilibrée devenue moins lourde pour l’enseignant qui, éventuellement mieux au fait de l’adaptation scolaire, cessera de se sentir dépourvu. En prime, les problèmes de lecture réglés généreront moins d’élèves ayant des besoins particuliers.