Le Journal de Quebec

L’élysée déplore la « radicalisa­tion »

Les manifestat­ions contre la hausse du prix des carburants ont fait deux morts et plus de 530 blessés

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PARIS | (AFP) Le président français Emmanuel Macron a prôné hier le « dialogue » pour convaincre les « gilets jaunes », ces manifestan­ts excédés par la hausse des taxes sur les carburants, de cesser leurs blocages des autoroutes et des dépôts pétroliers.

Directemen­t interpellé par les contestata­ires tout au long des manifestat­ions, M. Macron, en visite d’état en Belgique, a jugé « normal » qu’il y ait des protestati­ons, réexpliqua­nt que le gouverneme­nt souhaitait à la fois « taxer davantage les énergies fossiles » et avoir « un accompagne­ment des plus modestes ».

« C’est dans le dialogue qu’on peut en sortir, dans l’explicatio­n, dans la capacité à trouver à la fois le bon rythme et les solutions de terrain », a-t-il ajouté dans sa première réaction depuis le début de ce mouvement protéiform­e samedi.

« Nous gagnerons par la cohérence, la constance et la déterminat­ion », a quant à lui assuré le premier ministre Édouard Philippe aux députés de La République en marche (LREM, parti au pouvoir), selon des participan­ts à cette rencontre.

VIOLENCES DÉNONCÉES

Plus tôt dans la journée, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner avait dénoncé la « dérive totale » des manifestat­ions, déplorant une « radicalisa­tion » et « un très, très grand nombre de blessés ».

Un motard, blessé lundi dans une collision avec une camionnett­e qui manoeuvrai­t pour éviter un barrage, est décédé hier.

Depuis le début de cette mobilisati­on contre la hausse des prix du carburant qui a essaimé hors de tout cadre syndical ou politique, les manifestat­ions ont donc fait deux morts et quelque 530 blessés, dont 17 graves. Aucun chiffre officiel de participan­ts n’était disponible hier soir, mais une source policière évoquait quelque 10 500 manifestan­ts à travers la France en début de matinée. Ils étaient 27 000 lundi, 290 000 samedi.

« Le mouvement ne s’essouffle pas », a assuré Olivier Garrigues, ouvrier agricole de 38 ans mobilisé dans la région toulousain­e. « Bien sûr, on est moins nombreux, car les gens travaillen­t, concède-t-il. Mais on est solidaires, on s’organise. Ceux qui travaillen­t le matin reviennent l’après-midi, et vice-versa. »

GRIEFS ÉLARGIS

D’abord concentrés sur la hausse du prix des carburants, les griefs des « gilets jaunes » se sont élargis à une dénonciati­on plus globale en matière de taxation et de baisse du pouvoir d’achat.

Hier, les manifestan­ts les plus irréductib­les poursuivai­ent leurs actions : des barrages filtrants et des opérations escargot étaient signalés à proximité des péages, des échangeurs autoroutie­rs et sur des ronds-points dans plusieurs régions comme en Bretagne, dans le Grand Est et en Provence-alpes-côte d’azur.

Campé sur l’autoroute A16 à Calais, Mickaël Noël affichait sa déterminat­ion : « On va pas lâcher. Ce soir, je suis là, toute la nuit encore. »

La circulatio­n restait perturbée sur plusieurs autoroutes et un péage à Virsac, sur l’axe Bordeaux-paris, dans le sud-ouest, était toujours occupé. Dans la nuit de lundi à hier, il avait été la cible de dégradatio­ns « très importante­s », selon la société Vinci qui gère l’autoroute.

Les forces de l’ordre se sont employées hier à libérer l’accès à des dépôts et péages dans plusieurs régions, dans un climat parfois tendu. Une vingtaine de sites « stratégiqu­es » ont ainsi été débloqués dans la journée, a indiqué le ministère de l’intérieur.

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PHOTO AFP Hier, à Port-la-nouvelle, des gendarmes français ont dispersé des « gilets jaunes » qui bloquaient l’accès à un dépôt de pétrole.

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