Le Journal de Quebec

Rambo contre les têtes carrées

- RICHARD MARTINEAU

Rambo. Un homme en colère, prêt à tout pour défendre les siens.

Dans le premier volet de ses aventures, il bloquait le chantier de La Romaine pour protester contre le congédieme­nt d’un opérateur de pelle.

Dans le second, il se lançait en politique pour défendre les régions.

Après un an de silence, l’homme fort de la Côte-nord revient, plus hargneux que jamais, dans une toute nouvelle aventure, tournée en Ciboirovis­ion…

Rambo III contre les têtes carrées !

Rambo est de retour, plus en forme que jamais !

ATTENTION : CHEF-D’OEUVRE !

Si l’on se fie au court synopsis publié sur la page Facebook de Rambo Gauthier hier, ce troisième volet sera encore plus enlevant que les deux premiers.

Il y aura des sacres ! Des menaces ! De l’intimidati­on ! De la machinerie lourde et des gros bras !

Cette fois, Rambo n’affronte pas un sale entreprene­ur antisyndic­al, non : il attaque le Premier Ministre luimême !

En effet, dégoûté de voir que des travailleu­rs ontariens pourraient aider le Québec à construire des barrages sur la Côte-nord, Rambo sort de sa cachette, saute sur son bulldozer et fonce vers Québec !

Hier, j’ai pu voir des extraits de ce nouvel opus en toute exclusivit­é.

Je vous dis que ça barde ! Ça gronde ! Ça chauffe et ça suinte !

Ça n’a rien à envier aux plus grands nanars de Bud Spencer et Terence Hill !

Je pense ici à Attention, on va se fâcher (1974), Quand faut y aller, faut y aller (1983) et Attention les dégâts ! (1984), trois chefs-d’oeuvre qui ont marqué les belles années des ciné-parcs !

DE LA DENTELLE

Les scènes d’action sont toujours aussi spectacula­ires, mais ce qui surprend le plus est la qualité exceptionn­elle des dialogues, écrits par Rambo lui-même.

C’est bien simple, c’est de l’orfèvrerie verbale.

Comme dans les grands films d’éric Rohmer.

« Faut-tu être un asti de sans dessin pour improviser une offre comme ça aux Ontariens qui nous chient dessus à tour de bras ! »

« Tu t’en calice-tu des autres rien qu’un peu ! »

« Toé, mon génie, m’a t’attendre avec la brique pis l’fanal ! »

Dans une scène d’anthologie, le Premier Ministre tente d’expliquer son plan à Rambo.

« Si on n’embauche pas des travailleu­rs ontariens, l’ontario n’achètera pas notre électricit­é... — M’en câlisse ! — Donc, on ne construira pas de nouveaux barrages... — M’en câlisse ! — Donc, il n’y aura pas d’emploi pour personne sur la Côte-nord. — M’en câlisse ! — Tu préfères ne pas donner de job à personne de ta gang plutôt que donner quelques emplois aux Ontariens ? — M’en câlisse ! » Non, mais quelle poésie ! Quelle maîtrise de la langue ! Quelle grâce, quelle musique ! On n’avait rien entendu de tel depuis Pagnol !

À CANNES

Je ne veux pas mettre la barre trop haut, mais ça ne me surprendra­it pas si ce film se retrouvait à Cannes, le printemps prochain. Les Européens vont adorer… Qui sait ? C’est peut-être le début d’une carrière internatio­nale pour notre homme fort !

J’imagine déjà la suite, tournée par Denis Villeneuve. Rambo contre les extra-terrestres ! « Y aura pas un ostie de Martien qui va débarquer sur la Côte-nord, OK ? »

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