Gosselin et le métro des contradictions
Imaginons que la Ville de Québec ait opté pour un projet de métro au lieu d’un tramway-trambus.
Pas plus tard que l’an dernier, Jean-françois Gosselin se disait pourtant contre tout système de transport structurant.
Lorsque l’ingénieur Robert Vandewinkel a présenté un projet de métro dans nos pages, en 2017, il a été la cible de multiples railleries sur des ondes radio de Québec. Il avait aussi été vertement critiqué par Québec 21, parti de Jean-françois Gosselin, chef de l’opposition à l’hôtel de ville.
L’ingénieur de Saint-augustin, qui n’a jamais réalisé de projet majeur de transport collectif, avait alors imaginé un métro qui relierait l’est de Lévis à l’université Laval et à l’aéroport, et dont le coût s’élèverait entre 4,5 et 8,26 milliards.
Puis, à la suite du dévoilement du projet de tramway, M. Vandewinkel a modifié son projet. On parle de 16,3 km de métro qui iraient de Charlesbourg à SainteFoy, pour 3,3 milliards. À cela s’ajoutent 30 km de trambus, pour 750 millions. Facile de même.
À l’hôtel de ville de Québec, M. Gosselin n’a de cesse de trouver ce projet intéressant, et souhaiterait qu’il soit étudié. Pourtant, pas plus tard que l’an dernier, il se disait contre tout projet de transport structurant. À Québec, disait-il, « on n’est pas rendu là. Ce n’est pas assez populeux, si on compare à Montréal. Dans 10 ans, peut-être qu’on va être rendu là, à préparer ça ».
A contrario, le chef de l’opposition n’hésite pas à cracher sur le tramway. Ce projet a pourtant fait l’objet de nombreux rapports et études depuis le début des années 2000, lesquels l’ont préconisé pour développer le transport collectif à Québec.
Pourquoi alors s’intéresser autant au métro ? Il y a fort à parier que si ce projet avait été retenu par la Ville, M. Gosselin aurait déchiré sa chemise. Il se serait à nouveau laissé porter par certains animateurs de radio privée démagogiques, beaucoup plus soucieux de leurs cotes d’écoute que du bien commun.
FAITS À RECTIFIER
Pour la petite histoire, et comme beaucoup de faussetés circulent, le gouvernement du Québec avait dit non à un tramway, en 2011, à cause d’une question de coûts. Québec s’était donc rabattue sur un SRB, malgré son moindre pouvoir d’attractivité. Larguée par Lévis, elle est revenue à la charge avec un tramway en 2017. Au printemps 2018, le gouvernement Couillard annonçait le financement du projet de 3,3 milliards, appuyé par le nouveau gouvernement Legault.
Le dossier devrait être déposé au fédéral dans le but d’obtenir le financement d’ici l’élection de 2019. Le gouvernement Trudeau est ouvert, et des programmes de financement ont cours. Québec, seule ville de 500 000 habitants et plus sans système de transport structurant au Canada, pourra donc enfin entrer dans le 21e siècle et améliorer la qualité de vie de nombreux citoyens.
Il est dommage que Régis Labeaume ne s’avère pas un meilleur ambassadeur du projet, lui qui s’est souvent mis le pied dans la bouche depuis un an à ce sujet. S’il avait été plus efficace, il y a longtemps que M. Gosselin et ses acolytes n’auraient eu d’autre choix que de changer de cassette.