Le Journal de Quebec

Des cadeaux aux entreprise­s

- MICHEL GIRARD

À moins de 11 mois des prochaines élections fédérales, le gouverneme­nt de Justin Trudeau profite de la mise à jour économique du ministre Bill Morneau pour commencer à saupoudrer des cadeaux fiscaux.

Le ministre Morneau vient en effet d’annoncer de nouvelles mesures « stratégiqu­es » pour une valeur globale de 15,7 milliards $, lesquelles s’échelonnen­t sur les cinq exercices financiers allant de celui qui est en cours (2018-19) jusqu’à celui de 2022-23.

Fait important à noter : ce sont les entreprise­s qui sortent grandement gagnantes du nouvel énoncé économique du ministre Morneau puisqu’elles accaparent 94 % des nouveaux investisse­ments du gouverneme­nt fédéral, voire 14,8 milliards $.

Les particulie­rs doivent se contenter de seulement 900 millions de dollars sur les cinq années en question. De cette somme, il faut savoir que le « soutien au journalism­e canadien » obtient 430 millions $, les « poissons sauvages » mangent quelque 193 millions $ et le « Fonds de finance sociale » bénéficie de 103 millions $.

C’est donc dire qu’il n’y a rien ou presque dans l’énoncé pour l’ensemble des particulie­rs.

LES DÉFICITS GONFLENT

Comme prévu, le retour à l’équilibre budgétaire sous Trudeau, il faut oublier cela. Et ce malgré les juteuses recettes fiscales additionne­lles que lui procure la croissance économique.

Imaginez-vous que la solide croissance économique va permettre au gouverneme­nt fédéral d’encaisser des revenus supplément­aires de l’ordre de 22,3 milliards $ d’ici la fin de l’exercice financier 2022-23. On parle donc ici de recettes addition- nelles d’impôts et de taxes d’environ 4,5 milliards $ de plus par année d’ici 2022-23.

Mais au lieu de se servir de ces revenus supplément­aires pour réduire les déficits prévus, le gouverneme­nt Trudeau préfère s’en servir pour « investir » dans un train de nouvelles mesures « stratégiqu­es » destinées à soutenir les entreprise­s canadienne­s. Question de pouvoir concurrenc­er les avantages fiscaux que le président Donald Trump a consentis aux sociétés établies en sol américain.

Qui plus est, le ministre Morneau se permet même d’augmenter les déficits en investissa­nt davantage que les revenus supplément­aires qu’il encaissera.

Résultat ? Pour les cinq exercices financiers allant de 2018-19 à 202223, le total des déficits atteindra les 68,5 milliards $, soit 5 milliards $ de plus que la somme prévue lors de la présentati­on en février dernier du budget 2018-19.

Notez que je ne tiens même pas compte ici de « l’ajustement en fonction du risque », lequel totalise 15 milliards de dollars (3 milliards de dollars par année) pour les cinq exercices.

LA DETTE GRIMPE

Vous ne serez évidemment pas surpris d’apprendre que la dette fédérale va continuer de grossir. En 2022-23, elle devrait atteindre les 753 milliards de dollars, en hausse de 82 milliards $ par rapport à l’an dernier.

Qui dit gonflement de la dette fédérale, dit hausse des frais d’intérêt de ladite dette.

Aux prises avec la tendance à la hausse des taux d’intérêt, la facture des intérêts sur la dette fédérale atteindra les 32,7 milliards de dollars en 2022-23. Ce sont 10,8 milliards de dollars de plus que l’an dernier.

Ça coûte cher vivre à crédit !

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