Du pot chez 62 conducteurs décédés
Les coroners ne peuvent toutefois pas conclure que le cannabis était la principale cause des accidents
Au moins 62 conducteurs décédés sur les routes du Québec depuis deux ans avaient du cannabis dans l’organisme, a appris notre Bureau d’enquête. Mais les coroners ont beaucoup de difficulté à déterminer si la substance était ou non la principale cause des accidents.
L’analyse des rapports de coroners de 2016 et 2017 concernant les accidents de la route mortels démontre que, dans 28 cas, le cannabis est cité comme un des facteurs ayant pu contribuer à causer la tragédie.
Dans la plupart de ces cas, les conducteurs avaient les facultés affaiblies par un mélange d’alcool et d’autres drogues.
Les coroners concluent que le cannabis (et aucune autre substance) a pu jouer un rôle déterminant pour quatre accidents.
La coroner Mélissa Amélie Plourde soutient, par exemple, que Dylan Murray est décédé en 2016 à Port-daniel–gascons, en Gaspésie, après avoir heurté un ponceau.
L’analyse toxicologique démontre qu’il n’avait pas consommé d’alcool, mais on a retrouvé dans son sang des concentrations importantes de THC (la substance psychoactive du cannabis), soit 44 ng/ml.
FONCTIONS COGNITIVES
« La vitesse serait la première cause expliquant le dérapage et la collision », explique la coroner Plourde dans son rapport, avant d’ajouter que « d’autres facteurs ont contribué à cette collision et ont aggravé la sévérité des blessures. D’une part, le conducteur était sous l’influence de cannabis consommé récemment et retrouvé à l’analyse de toxicologie, et son aptitude à conduire et sa vigilance étaient affectées ».
Dans un autre cas, la coroner Julie A. Blondin note que du pot a été décelé dans le sang de Mélissa Robertson, décédée en octobre 2017.
« La conductrice ne porte pas sa ceinture de sécurité. Elle a consommé du cannabis », dit la coroner, avant de citer une étude de l’institut national de santé publique du Québec qui affirme que cette drogue affecte les fonctions cognitives et motrices nécessaires à une conduite automobile sécuritaire.
AUCUN SEUIL
Dans les deux autres cas, le coroner rappelle en conclusion la consommation récente de pot comme seule substance détectée dans l’organisme, sans toutefois en préciser les concentrations.
« Le problème avec le cannabis est qu’il n’y a pas une limite légale reconnue mondialement à partir de laquelle tout le monde a les facultés affaiblies », explique Mohamed Ben Amar, pharmacologue et auteur du livre Le cannabis : Pharmacologie et toxicologie.
–Aveclacollaborationdemarie Christinetrottieretphilippelanglois