Le Journal de Quebec

Welcome to Canada, Guys !

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Voici une chronique sur la petite confrérie des chroniqueu­rs de la « Belle Prrrrovinc­e ». Pardonnez-moi.

Doug Ford a asséné un double coup de massue aux Franco-ontariens : fini le financemen­t pour leur projet d’université, fini le Commissari­at aux services en français.

Indignatio­n unanime chez nous.

ÉVOLUTION

En gros, les chroniqueu­rs souveraini­stes disent : c’est triste, mais révélateur d’une partie du Canada réel.

Chez les chroniqueu­rs d’ici oeuvrant dans les médias officielle­ment fédéralist­es, on est plutôt dans le registre de la « grosse pépeine » et de la montée de lait.

Hon, comment se fait-il qu’il y ait, au Canada anglais, tant d’obtus qui pensent comme Ford ?

Hon, comment se fait-il que leurs médias soient muets, eux si prompts à hurler à la « persécutio­n » des anglophone­s du Québec ?

Hon, comment peuvent-ils laisser faire cette ignominie alors que « nos » anglophone­s ont trois université­s, leurs hôpitaux, leurs collèges, etc. ?

Lâchons l’angélisme ou l’hypocrisie, et allons au fond des choses.

Quand on a fait remarquer à Ford qu’il y avait 600 000 francophon­es en Ontario, il a répondu qu’il y avait autant d’ontariens d’origine chinoise ou italienne. Voilà le vrai coeur de l’affaire. Vouloir un traitement particulie­r pour les Franco-ontariens, c’est adhérer à l’idée qu’ils y ont droit parce qu’ils étaient là AVANT les Chinois ou les Italiens.

Ford nie cela de façon brutale et non édulcorée. Or, cette négation est au coeur de la dynamique introduite jadis par Trudeau père.

Le Canada pensé par Trudeau reposait sur quatre piliers : la loi sur le bilinguism­e de 1969, la loi sur le multicultu­ralisme de 1971, la Charte des droits de 1982, et une formule d’amendement conçue pour verrouille­r cela.

Cet échafaudag­e repose à son tour sur deux principes fondamenta­ux :

Lâchons l’angélisme ou l’hypocrisie, et allons au fond des choses.

primauté des droits individuel­s sur les droits collectifs et pas de traitement préférenti­el basé sur votre origine.

Après tout, comme le disait un fervent disciple, Philippe Couillard : « Nous sommes tous des immigrants ».

Pourquoi alors traiter différemme­nt ceux venus de France ?

Si vous pensez que la Loi sur les langues officielle­s sert de rempart, allez lire les 40 derniers rapports du commissair­e fédéral sur l’état réel des services en français hors Québec.

Certes, Trudeau ne « voulait pas » un Doug Ford, mais ses politiques ont engendré l’écosystème idéologico-juridique rendant possible la dilution du fait français souhaitée par Ford et accueillie avec tant d’indifféren­ce chez nos voisins.

RÉALISME

Un éditorial spectacula­irement déconnecté de La Presse ressuscita­it même la notion d’une « dualité fondamenta­le » à l’origine du Canada, et exhortait le Québec à reprendre le combat… de Jean Lesage !

Depuis des décennies, le mythe québécois du « pacte fondateur entre deux peuples » fait hurler de rire les élites du Canada anglais, où l’on s’y connaît en démographi­e, et soulève incompréhe­nsion et hostilité chez les nouveaux arrivants qui y voient un injuste traitement préférenti­el.

Bienvenue au Canada, les gars ! Vous étiez où depuis 50 ans ?

 ??  ??
 ??  ?? Doug Ford
Doug Ford

Newspapers in French

Newspapers from Canada