La peine de Bissonnette sera rendue le 8 février
La dernière audience avant la sentence a eu lieu hier
Le meurtrier de la grande mosquée de Québec connaîtra sa peine le 8 février, deux ans après avoir tué froidement six fidèles et en avoir blessé grièvement cinq autres le soir du 29 janvier 2017.
C’est ce que le juge François Huot a annoncé hier en fin d’audience, la dernière avant de prononcer la peine d’alexandre Bissonnette, qui pourrait marquer l’histoire canadienne.
Il souhaitait entendre les parties sur deux questions de droit relatives à l’imposition de peines consécutives, que le Code criminel permet depuis 2011 dans le cas de meurtres multiples.
La Couronne réclame une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération avant 150 ans (25 ans pour chaque meurtre), alors que les avocats de Bissonnette demandent une peine à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Selon la défense, le cumul des peines ne peut s’appliquer puisqu’il viole certains articles de la Charte canadienne des droits et libertés.
Le juge en a profité pour interroger la Couronne sur l’état d’esprit de Bissonnette au moment des crimes. « Considérez-vous qu’un meurtrier de masse a un état d’esprit blâmable comparable à un meurtrier en série ? », a-t-il demandé.
Me Thomas Jacques a répondu dans l’affirmative, en rappelant que le caractère « haineux, raciste et islamophobe » du crime était un facteur aggravant, alors que les meurtres multiples font partie « de l’air du temps ».
« Il m’apparaît excessivement dangereux et néfaste d’envoyer le message par les tribunaux qu’un meurtrier qui tue une multitude de gens en un seul et même événement a une culpabilité morale moindre qu’un individu qui va en tuer autant sur une période plus longue », a-t-il soutenu.
« LANCER UN MESSAGE CLAIR »
La fille de Khaled Belkacemi, mort sous les balles du tireur, abonde en ce sens.
« Il faut lancer un message clair que les tueurs de masses ne sont pas plus tolérés que les tueurs en série, à mon avis », a commenté après l’audience Megda Belkacemi, qui se dit sereine à l’approche de la décision.
Le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec a confié, pour sa part, être craintif. « On est inquiets un petit peu. Qu’est-ce qui va sortir de ça ? Comment les familles vont réagir ? Comment la société va réagir ? a exprimé Boufeldja Benabdallah. Je souhaite que tout va bien se passer et je ferai des prières en conséquence. »