Le Journal de Quebec

Un « Thanksgivi­ng » empoisonné

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- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Nos voisins du sud fêtent aujourd’hui leur Action de grâce, mais avec le climat politique qui marque l’ère de Trump, ces retrouvail­les annuelles seront laborieuse­s, voire impossible­s, dans bien des familles.

Pour éviter les empoisonne­ments lors du repas de Thanksgivi­ng, il faut faire attention à la cuisson de la dinde et, cette année, éviter la salade romaine.

Dans les familles bipartisan­es, une autre précaution s’impose : pour ne pas empoisonne­r l’atmosphère, vaut mieux éviter de parler de politique et, surtout, de Donald Trump.

TRUMP GÂCHE LA FÊTE

Des études montrent que depuis l’élection de 2016, les familles divisées par la politique ont écourté leurs repas de fête d’une bonne heure en moyenne. D’autres, nombreux, renoncent tout simplement à rejoindre leur famille à cause de désaccords politiques.

Bien sûr, les familles américaine­s ont déjà été divisées dans le passé, mais le degré d’acrimonie dépasse de loin ce qu’on a connu dans le passé. Pourquoi ?

UN PAYS DÉJÀ POLARISÉ

Donald Trump a beaucoup fait pour exacerber la polarisati­on politique de son pays, mais il en est autant un symptôme qu’une cause.

Longtemps, démocrates et républicai­ns se sont opposés sur des enjeux comme le rôle de l’état dans l’économie, mais sur d’autres enjeux, les divisions partisanes étaient plus floues et on pouvait toujours trouver des terrains d’entente avec des opposants.

Aujourd’hui, les préférence­s politiques des Américains sont beaucoup plus « triées » en fonction de leur identité partisane. Les partisans n’ont pratiqueme­nt plus de terrain d’entente avec leurs opposants.

C’est ce contexte qui a favorisé la campagne de Trump fondée essentiell­ement sur la diabolisat­ion de l’adversaire (« Lock her up ! ») et une panoplie de ressentime­nts.

UNE TOUCHE DE VITRIOL

Depuis son élection, Donald Trump a ajouté à ce mélange explosif une touche additionne­lle de vitriol en attisant les différente­s formes de ressentime­nt qui animent sa base partisane et en donnant à ses adversaire­s une panoplie de nouvelles raisons de s’opposer à lui.

Les opposants de Trump n’arrivent tout simplement pas à comprendre comment ses partisans peuvent faire l’apologie d’un homme qui ment constammen­t, qui s’amourache avec des autocrates en envoyant promener ses alliés démocratiq­ues, et qui est incapable de condamner sans équivoque les racistes et les néonazis.

Quant aux Trumpistes, ils disent souvent ne pas approuver tous ses gestes, mais ils n’en considèren­t pas moins toute critique de celui qui prétend les représente­r comme une attaque contre leur identité profonde.

C’est un environnem­ent nocif que celui où les membres d’une même famille ne peuvent entendre des opinions discordant­es sans se sentir heurtés dans leur identité et leurs valeurs profondes.

Pourtant, Donald Trump ne donne aucune indication de vouloir changer, même si les élections de mi-mandat ont démontré clairement que sa base électorale est minoritair­e et qu’il ne peut pas espérer gagner en 2020 sans donner moins de prise à ses critiques.

Malheureus­ement, même après son départ le fossé que Donald Trump est en train d’élargir entre les Américains continuera à empoisonne­r l’esprit des fêtes.

Les partisans n’ont pratiqueme­nt plus de terrain d’entente avec leurs opposants.

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