Le Journal de Quebec

Les Américains ferment une usine à Boisbriand à cause de Trump

La fermeture de MAS Industries conduira à la disparitio­n de 120 emplois fin février

- FRANCIS HALIN

En pleine guerre des tarifs de Trump, le géant américain de pièces d’auto Dorman met la clé sous la porte de son usine de Boisbriand MAS Industries, achetée il y a un an, jetant à la rue ses 120 travailleu­rs, a appris Le Journal.

« C’est à cause de Trump qu’on perd nos jobs. Ce n’est pas juste dans le domaine automobile, c’est partout », a confié au Journal une emballeuse de la compagnie préférant ne pas être identifiée, approchée près de l’usine, hier après-midi.

En octobre dernier, lors de l’annonce de ses résultats, Dorman a évoqué les tarifs de 200 milliards $ US imposés par l’administra­tion Trump sur les importatio­ns chinoises qui risquent de faire bondir le coût de certains produits.

« Nous prenons plusieurs mesures pour atténuer pleinement l’impact des tarifs », a-t-elle déclaré.

Difficile de savoir si la fermeture de l’usine de Boisbriand est l’une de ces « mesures », parce que la direction américaine de Dorman n’a pas rendu nos appels, hier.

PROTECTION­NISME EN CAUSE

Hier, quand Le Journal l’a contacté, le bureau de la mairesse de Boisbriand n’était pas au courant de la mauvaise nouvelle.

« À mon avis, c’est un exemple éloquent du protection­nisme américain », a plus tard déploré la mairesse, Marlene Cordato, dans une communicat­ion écrite.

C’est il y a quelques semaines à peine que le couperet est tombé pour les 120 travailleu­rs de l’usine des Basses-laurentide­s.

« Le 7 novembre dernier, trois représenta­nts américains de Dorman se sont présentés ici pour faire l’annonce aux employés », a relaté la responsabl­e des ressources humaines de l’usine, Sophie Basque.

La V.-P. des ressources humaines de Dorman, Stacy Vahey, a fait le voyage en personne du siège social, à Colmar, en Pennsylvan­ie, à Boisbriand pour dire aux travailleu­rs de l’usine qu’elle fermera ses portes fin février.

Dorman est un poids lourd dans le marché des distribute­urs de pièces automobile­s. La compagnie est valorisée à 3,7 milliards $ à la Bourse de New York. Près de 94 % de ses clients sont aux États-unis, selon Marketscre­ener.

« Je ne sais pas pourquoi ils ferment, personne ne le sait, sauf Dorman. Les gens essayent de deviner », a conclu le fondateur et ex-propriétai­re de MAS Industries, Mark Stermer, qui, en 2017, a vendu l’entreprise bâtie de ses mains ici aux Américains pour favoriser sa croissance. – Avec la collaborat­ion de Jonathan Tremblay L’usine de Boisbriand fabrique des composante­s de châssis ou de suspension pour le marché des pièces d’auto de rechange des États-unis, du Canada et du Mexique.

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PHOTO JONATHAN TREMBLAY Hier, les employés de l’usine Dorman de Boisbriand (photo) avaient le visage long. Ils oscillaien­t entre la tristesse et la colère.
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MARK STERMER Fondateur de MAS Industries

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