La police vise des voleurs d’autos près de l’aéroport de Montréal
Les suspects, dont huit ont été épinglés hier, démontaient ou exportaient les véhicules haut de gamme
La police de Montréal a réussi à mettre hors d’état de nuire un réseau de receleurs de véhicules qui ciblaient les modèles haut de gamme aux abords de l’aéroport et dans les stationnements d’hôtels à Dorval, là où on comptait la plus forte concentration de vols de voitures au Québec.
Après des mois d’enquête, de perquisitions et de filatures, les détectives de l’équipe Réseau, une escouade spécialisée mise en place pour lutter contre les vols d’autos, ont frappé à quatre endroits et épinglé huit suspects hier.
« Le réseau volait des véhicules de grand luxe pour les transporter à l’extérieur de l’île de Montréal pour les maquiller ou les découper en pièces détachées », explique Pascal Leclair, commandant des enquêtes de la Division ouest du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Ils auraient dérobé au moins une cin- quantaine de véhicules depuis que les policiers ont lancé le projet Oblitérer.
À Sainte-anne-des-plaines, dans les Laurentides, les policiers ont investi un garage du rang du Trait-carré, soupçonné d’être la base de l’organisation. Ils y ont saisi automobiles et pièces détachées.
« Ce sont des voleurs locaux qui volent des véhicules destinés au marché local. Autant les pièces que les véhicules entiers restaient au Québec », poursuit M. Leclair.
GROS PROFITS
Pour éviter d’éveiller les soupçons, les véhicules étaient souvent remis en vente au prix du marché plutôt qu’au rabais après qu’on eut modifié le numéro de série.
Certaines voitures auraient aussi changé plusieurs fois de mains dans un court laps de temps pour brouiller les pistes.
Lorsque les véhicules étaient découpés, des camions cubes étaient char- gés au hangar du rang du Trait-carré avant que les pièces soient disséminées auprès de revendeurs.
Les suspects visaient notamment les VUS japonais et les camionnettes Ford les mieux équipées dont la valeur varie entre 45 000 $ et 70 000 $.
« Ce sont des véhicules haut de gamme qui sont ciblés parce que le profit est important », ajoute le commandant Leclair. En entrevue avec Le Journal, il ajoute qu’on fait désormais face à des criminels professionnels bien structurés et dotés d’outils à la fine pointe.
« Autant la technologie des véhicules que celle des voleurs ont changé », rappelle le haut gradé.
Le kit du parfait cambrioleur comprend maintenant ordinateur portable, brouilleur de GPS et programmeur de clés électroniques ne laissant pas de traces sur l’automobile.
On est loin de l’époque des cintres et des pieds-de-biche pour déverrouiller les portières.
Avec l’aéroport Montréal-trudeau et les stationnements d’hôtels sur leur territoire, la problématique des vols d’autos a toujours été dans le collimateur des enquêteurs de la Division ouest.
CIBLES PARFAITES
La proximité avec de grands axes routiers, le constant va-et-vient et le fait que les véhicules sont souvent immobiles pour une longue période de temps attirent les malfaiteurs, qui se sont emparés pratiquement d’une voiture par jour.
« On s’est attaqué directement à ce phénomène avec l’équipe Réseau, la seule au SPVM affectée spécifiquement aux réseaux de vols de véhicules et de vols par effraction », explique le commandant Leclair.
Résultat ? Les récentes opérations Odomètre, Océan, qui ont contré un réseau d’exportation de véhicules volés à l’étranger, et maintenant Oblitérer, ont permis de réduire le nombre de larcins de 76 % dans ce secteur chaud au cours des derniers mois, se réjouit le commandant.