Le Journal de Quebec

Mettre les bouchées doubles pour attirer les talents

Le PDG d’optel a rappelé au ministre fédéral Marc Garneau la réalité des PME

- DIANE TREMBLAY

Encourager l’automatisa­tion par l’achat d’équipement est une chose, mais trouver le personnel pour créer et opérer des robots en est une autre, estime Louis Roy, PDG de Groupe Optel de Québec, qui a dû consentir à des hausses salariales de 7,5 % pour garder ses programmeu­rs.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, était de passage à Québec hier pour recueillir les commentair­es de la communauté d’affaires au sujet de l’énoncé économique publié la veille par son gouverneme­nt.

Selon Louis Roy, président-directeur général de Groupe Optel, présent à la rencontre, il reste qu’en dépit des milliards de dollars annoncés pour accroître la compétitiv­ité des entreprise­s, le gros du problème reste d’abord et avant tout la pénurie de main-d’oeuvre.

PRESSION SUR LES SALAIRES

Pour continuer à soutenir sa croissance, M. Roy n’a pas eu d’autre choix que de consentir récemment des augmentati­ons salariales de 7,5 % à une centaine de programmeu­rs, ce qui aura, convientil, un impact « majeur » sur les résultats financiers.

EN QUÊTE DE TALENTS NUMÉRIQUES

« On ne peut pas inventer des robots sans avoir des ressources spécialisé­es », a expliqué le grand patron de Groupe Optel qui est un leader dans la conception et la fabricatio­n de systèmes de traçabilit­é utilisés dans plusieurs domaines.

Qu’on le veuille ou non, dit-il, le Canada n’est pas un pays aussi attractif que la Californie.

Pour attirer les « talents », les entreprise­s comme la sienne doivent mettre les bouchées doubles.

« Le pouvoir d’attraction est limité. On a un problème de ressources. J’ai peur pour les entreprise­s manufactur­ières. Les gouverneme­nts ont la responsabi­lité du moins de ne pas nous faire de compétitio­n », a-t-il ajouté devant le ministre.

« D’ici 2020, on parle de 30 000 postes à pourvoir en informatiq­ue. On va s’entretuer. Quand tu vois des grandes compagnies comme Ubisoft qui viennent s’installer ici à coup de subvention­s, c’est frustrant », a-t-il dit.

UN NOUVEAU SOMMET

La pénurie de main-d’oeuvre a franchi un nouveau seuil au Québec, au 2e trimestre de 2018. Au cours de cette période, on dénombrait 116 440 postes à pourvoir au Québec. Il s’agit d’une hausse de 32 580 postes vacants, comparativ­ement à la même période en 2017. Rien de bien rassurant pour les propriétai­res de PME qui se font déjà du sang d’encre à ce sujet.

M. Roy n’a pas hésité à parler de « guerre » de recrutemen­t au niveau des programmeu­rs.

« Ce qui est déloyal, c’est qu’il y a des entreprise­s étrangères qui ont 40 % des salaires financés à vie, alors que nous, on est en train de se battre. C’est le temps que ça change, car il y a une urgence si on veut faire face à l’impact démographi­que au Québec », a-t-il répété.

Bien que le crédit d’impôt pour la production de titres multimédia­s soit de la responsabi­lité du gouverneme­nt provincial, M. Garneau s’est toutefois montré sensible à cet enjeu, sans pour autant rien promettre.

« ON A UN PROBLÈME DE RESSOURCES. J’AI PEUR POUR LES ENTREPRISE­S MANUFACTUR­IÈRES » – Louis Roy, PDG d’optel

 ?? PHOTO DIANE TREMBLAY ?? Louis Roy, président-directeur général de Groupe Optel (photo), a profité de la présence du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, dans ses locaux de la capitale nationale, hier, pour le sensibilis­er à l’importance de la pénurie de main-d’oeuvre.
PHOTO DIANE TREMBLAY Louis Roy, président-directeur général de Groupe Optel (photo), a profité de la présence du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, dans ses locaux de la capitale nationale, hier, pour le sensibilis­er à l’importance de la pénurie de main-d’oeuvre.

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