DES INSECTEST QUI FONT PEUR
De plus en plus de Québécois infectés
Marco Pellerin vit encore avec les séquelles du virus du Nil, qu’il a contracté à la fin août, au Québec. La maladie a paralysé une partie de son visage, de même que son bras gauche.
« [À L’HÔPITAL] J’ESSAYAIS DE PRENDRE MES MÉDICAMENTS, MAIS MON VERRE D’EAU ET MES MAINS TREMBLAIENT, LES PILULES PARTAIENT D’UN BORD ET DE L’AUTRE » – Christian Houle, victime du virus du Nil
Près de 200 Québécois ont contracté le virus du Nil occidental cet été, et 15 en sont morts, du jamais vu dans la province. Ce sombre bilan ne pourrait être qu’un début, puisque zika, dengue et autres fièvres exotiques pourraient suivre, à la faveur des changements climatiques.
« Les jambes, les bras, la bouche, tout me shakait […] C’était comme une crise d’épilepsie, mais sans arrêt », se souvient Marco Pellerin, attaqué de plein fouet par le virus du Nil cet été.
Ses proches ne voient plus les moustiques de la même façon. Parce que même si le virus du Nil occidental (VNO) est originaire d’ouganda, en Afrique, la maladie est transmise par des moustiques indigènes, c’est-à-dire des espèces qui ont toujours vécu ici.
D’après l’institut national de santé publique (INSPQ), le principal responsable de la transmission du VNO est Culex Pipiens. Il est très répandu en milieu urbain, d’où sa force de frappe sur les humains.
Et ce moustique aime la chaleur. Il avait donc de quoi être actif cette année. Environnement Canada estime que l’été 2018 s’est classé parmi les trois plus chauds de l’histoire.
Notre environnement est de plus en plus confortable pour eux grâce au réchauffement climatique, rendant le tout favorable à leur reproduction.
« Dans les 20 dernières années, on a constaté l’arrivée de maringouins exotiques, provenant d’asie notamment », indique le Dr Nicolas Ogden, de l’agence de la santé publique du Canada.
TIGRE MORTEL
Parmi ces voraces suceurs de sang, on trouve les dangereux moustiques tigres, de la famille Aedes, connus pour transmettre la dengue, le zika, le chikungunya et la fièvre jaune, entre autres.
« On en a trouvé à quelques reprises plusieurs années de suite, ce qui suggère que Aedes serait établi », soutient le Dr Ogden.
Spécialistes des voyages sur le pouce, les moustiques Aedes s’accrochent sur les humains en se glissant dans les valises et dans les caisses de transport. Arrivés à destination, il leur suffit d’une population d’oiseaux pour répandre le mal.
Le moustique Culex a quant à lui attrapé le virus du Nil occidental par hasard. N’ayant lui-même jamais volé en Ouganda d’où est originaire la maladie, il pourrait avoir été contaminé en piquant un oiseau infecté, indique Jean-philippe Rocheleau, vétérinaire et professeur-chercheur à l’université de Montréal et au cégep de Sainte-hyacinthe. Il n’en faut qu’un seul pour contaminer toute une population de moustiques.
Ainsi, profitant du déplacement des oiseaux de plus en plus vers le nord et de l’émergence d’habitats favorables à la reproduction des moustiques, le VNO pourrait atteindre la baie James dans aussi peu que 40 ans, d’après une étude parue dans la revue scientifique Global Change Ecology en 2014.
– Avec la collaboration d’hugo Duchaine