Le Journal de Quebec

SPVM : la victime est fautive

- MARIE-PIER GOSSELIN

La semaine dernière, un poste de quartier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a relancé, puis retiré, une campagne de sensibilis­ation sur les agressions sexuelles datant de 2012.

Cette campagne désigne la consommati­on d’alcool des femmes comme raison de leur continuell­e agression. En effet, c’est bien connu : l’alcool discrédite les victimes d’agressions sexuelles tandis qu’il excuse les agresseurs. Reconnaiss­ez le sarcasme, s’il vous plaît.

BONNES INTENTIONS

Tout de même, peu importe les intentions du SPVM, en faisant circuler une telle campagne, il ne fait qu’encourager ce genre de réflexion. C’est grâce à ces fausses représenta­tions de la réalité que l’on maintient, en tant que société, la culture du viol, où les victimes sont à blâmer pour leurs agressions. C’est ainsi qu’une jeune fille a été discrédité­e lors du procès de son présumé agresseur en raison des sous-vêtements qu’elle portait.

C’est avec ce genre de bonnes intentions que les victimes d’agressions sexuelles ne dénoncent pas. L’impact est encore pire lorsque ces bonnes intentions sont commises par des corps en position d’autorité. Quelle victime d’agression sexuelle ira porter plainte à un service de police qui ne croit pas fondamenta­lement qu’elle n’y soit pour rien, que la faute n’est portée que par l’agresseur ?

PERTE DE CONFIANCE

Selon des études, 41 % des plaintes d’agressions sexuelles mènent à des accusation­s, 12 % des accusés sont reconnus coupables et seulement 7 % reçoivent une peine d’emprisonne­ment. Tout pour croire en notre système de justice. À la suite du mouvement #Metoo de l’année dernière, la dénonciati­on d’agressions sexuelles a bondi de 21 % au Québec. Par contre, si le corps policier continue d’user de telles méthodes, ce genre de mouvement ne sera pas suffisant.

Il est grand temps que nous responsabi­lisions les agresseurs au lieu des victimes. Ce n’est certaineme­nt pas avec des campagnes de sensibilis­ation portant des slogans comme « Je sors avec ma gang, je repars avec ma gang » que l’on fera de grandes avancées dans la déconstruc­tion de la culture du viol.

Un an après #Metoo, nous n’avons rien appris, semble-t-il.

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