Le Journal de Quebec

Son ex-conjoint lui vole son identité et l’entraîne vers la faillite

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Être victime d’un vol d’identité est déjà une expérience pénible, mais lorsque celui-ci est perpétré par un proche, la situation devient plus difficile encore. C’est ce qui est arrivé à Martine, dont l’exconjoint a utilisé son nom frauduleus­ement.

Séparée du père de son enfant depuis deux ans, Martine travaille au salaire minimum. Son ex-conjoint ne lui verse pas de pension alimentair­e de façon régulière, et ses revenus mensuels de 2663 $ (incluant les allocation­s familiales) sont loin de lui assurer un niveau de vie confortabl­e. Elle possède aussi une voiture, dont le paiement lui coûte cher, à raison de 500 $ par mois, soit bien au-dessus de ses moyens.

Malgré tout, la mère de famille a réussi à stabiliser sa situation, mais une tuile supplément­aire va lui tomber sur la tête... Harcelée par des créanciers qui lui réclamaien­t le remboursem­ent de dettes dont elle ne connaissai­t pas l’existence, c’est alors qu’elle réalise que son ex-conjoint a contracté un prêt bancaire et qu’il a obtenu des cartes de crédit en son nom, et ce, à son insu.

UNE ÉNORME DETTE

Au total, à cause de cette fraude, Martine se retrouve avec un endettemen­t de 18 000 $ en prêt et en solde de cartes de crédit. Cette somme énorme s’ajoute aux 2000 $ de dettes dont elle est déjà directemen­t responsabl­e (factures impayées et carte de crédit). Prise à la gorge et ne sachant que faire, elle décide d’aller consulter un syndic autorisé en insolvabil­ité, qui lui recommande, dans un premier temps, de porter plainte à la police. « Toutefois, les policiers l’ont prévenue que son ex-conjoint possède toutes ses informatio­ns personnell­es et les réponses aux questions de sécurité demandées sur le site internet de son institutio­n financière. Par conséquent, il pourrait continuer à lui faire du tort et à se faire passer pour elle », explique Nadia Paradis, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

UNE FAILLITE INÉVITABLE

Martine est incapable de faire face au remboursem­ent de cette créance de 20 000 $, à laquelle s’ajoutent progressiv­ement des frais d’intérêt. Elle doit aussi assumer des dépenses courantes mensuelles de 2390 $ et n’a donc quasiment aucune marge de manoeuvre.

C’est la raison pour laquelle la syndique lui a conseillé de faire faillite. Cela lui permettra de liquider ses dettes actuelles en plus de celles, contractée­s frauduleus­ement par son ex-conjoint, qui pourraient surgir dans le futur. Compte tenu de ses revenus et puisqu’elle n’a aucun actif, cette solution semblait la plus indiquée dans son cas.

Martine a également rendu son coûteux véhicule au créancier. Par chance, elle pourra utiliser la voiture de sa soeur, moyennant le paiement d’essence et d’une portion de la prime d’assurance.

« Nous lui avons aussi recommandé de contacter les agences de crédit Equifax et Transunion pour signaler la fraude dont elle avait été victime. Cette mention sera indiquée à son dossier de crédit, ce qui rendra la tâche plus difficile aux personnes qui voudraient utiliser à nouveau son identité à son insu », souligne Nadia Paradis.

Même si elle ne peut compter sur le paiement régulier de la pension alimentair­e par son ex-conjoint, la syndique lui a également conseillé de mettre cette somme de côté chaque fois qu’elle lui sera versée. « Ce petit coussin lui permettra de faire face aux imprévus », dit-elle.

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