Le Journal de Quebec

Claude Villeneuve

- CLAUDE VILLENEUVE

La décision du gouverneme­nt Trudeau de venir en aide à la presse écrite a donné l’impression à beaucoup de personnes qu’on cherchait à s’assurer la bienveilla­nce des journalist­es à moins d’un an des élections. Les conservate­urs n’ont pas hésité à reprendre la critique.

Inversemen­t, chaque fois que paraît un texte faisant état des bénéfices du transport collectif ou des désavantag­es d’un nouveau lien routier, des gens viennent rappeler que les concession­naires automobile­s sont parmi les principaux annonceurs dans les médias écrits. Des animateurs de radio appellent même à un boycott de leur part.

La question serait donc de savoir si les médias devraient être à la botte des gouverneme­nts ou être les défenseurs des intérêts commerciau­x de leurs clients. Et ça, c’est quand on ne soupçonne pas les journalist­es d’être les porte-paroles du propriétai­re de leur journal !

OBJECTIVIT­É ET SUBJECTIVI­TÉ

Est-il nécessaire de rappeler que les journalist­es ont simplement pour tâche de rapporter les faits et que si ceux-ci semblent avoir un biais, c’est probableme­nt que la vérité pointe dans cette direction ?

En même temps, faut-il répéter que les pages dites éditoriale­s, « Idées » ou « Opinions » des différents journaux servent justement à permettre le débat entre les différents courants de pensée ? C’est l’espace de subjectivi­té assumée des médias écrits.

NÉCESSITÉ DÉMOCRATIQ­UE

À la fin, l’objectivit­é parfaite n’existe pas, mais ce n’est pas pour rien que, dans une entreprise de presse, les contacts entre salle de rédaction et départemen­t des ventes sont réduits à juste titre au minimum. Quant aux pouvoirs politiques, ils soutiennen­t financière­ment la presse dans plusieurs pays du monde, et c’est justement pour protéger l’indépendan­ce journalist­ique que cette aide doit se faire à travers des programmes normés, dépourvus d’arbitraire et s’adressant à toute l’industrie.

On n’a pas à choisir entre l’interventi­on politique et l’intérêt commercial, dans un contexte où la nécessité démocratiq­ue d’une presse libre ne peut être assurée que par la seule rentabilit­é financière. Reste que rien ne garantit autant l’indépendan­ce des médias qu’un financemen­t stable et une saine concurrenc­e.

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