Le Journal de Quebec

Cuba lui impose un second procès

Un Québécois incarcéré après un accident de bateau mortel il y a plus d’un an ne peut revenir chez lui

- AMÉLIE ST-YVES

Un Québécois coincé à Cuba depuis 16 mois après avoir été condamné pour un accident de bateau vient d’apprendre qu’il devra subir un deuxième procès, une situation qui le place « dans un état psychologi­que lamentable ».

Toufik Benhamiche n’a pas vu sa plus jeune entrer en maternelle et a raté deux fois l’anniversai­re de sa plus vieille.

« C’est dur… », dit le père de 47 ans, la voix rompue par l’émotion, au cours d’un entretien téléphoniq­ue.

Le père de famille de Mascouche a été condamné à quatre ans de prison pour négligence, en décembre 2017, après un accident de bateau. Le procès a duré cinq heures.

Il a appris le 7 novembre que la justice cubaine réclamait un nouveau procès contre lui. Il ne peut donc pas revenir au Québec en attendant.

DU RÊVE AU CAUCHEMAR

Les vacances en famille, à Cayo Coco, en juillet 2017, ne devaient pourtant durer qu’une semaine. La veille du retour vers le Québec, la petite famille est partie en bateau tandis que le père conduisait. Ils ont fait un accident qui a coûté la vie à une femme.

Toufik Benhamiche n’avait jamais conduit de bateau, mais on lui aurait dit que c’était simple à manoeuvrer. Il a pris place dans l’embarcatio­n avec sa conjointe, Kahina Bensaadi, et leurs filles de 5 et 7 ans à l’époque.

Sa conjointe et lui assurent qu’ils n’allaient pas vite. Ils étaient à peine à une vingtaine de mètres du quai quand l’accident est survenu.

« J’ai suivi le bateau qui me précédait et, à un moment donné, pour une raison toujours inexpliqué­e, le bateau a viré et a rebroussé chemin vers le quai. Je ne comprenais pas. Ç’a pris deux secondes et j’ai frappé le bateau près du quai. On a revolé dans les airs et on est tombés sur le quai », raconte M. Benhamiche.

Malheureus­ement, Jennifer Ann Marie Innis, une Ontarienne mère de trois enfants, a été blessée par l’hélice et a succombé à ses blessures.

TORTURE PSYCHOLOGI­QUE

Il n’a toutefois pas été incarcéré immédiatem­ent, car il a fait appel. Il a été blanchi par la Cour suprême de Cuba le 30 avril 2018, qui a indiqué que l’enquête devait être reprise. Il a appris le 7 novembre qu’il devait tout recommence­r, ce qu’il qualifie de torture psychologi­que.

Sa conjointe a organisé une manifestat­ion hier devant l’ambassade cubaine à Ottawa pour exiger que le pays prenne les choses en main et exige la libération de Toufik Benhamiche. Une minute de silence a été respectée en souvenir de la victime. Une cinquantai­ne de personnes étaient présentes, selon Mme Bensaadi.

« Le plus dur dans tout ça, c’est d’essayer de rassurer les filles, et qu’elles gardent espoir », dit-elle.

Toufik Benhamiche poursuit par ailleurs Vacances Sunwing pour 341000 $, sous prétexte que l’entreprise ne s’est pas assurée que sa sous-traitante, Marlin SA, à Cuba, organise de façon sécuritair­e la croisière qui s’est terminée en accident.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Plusieurs manifestan­ts se sont réunis hier à Ottawa, dont la femme de Toufik Benhamiche, qu’on voit en avant-plan, pour demander au gouverneme­nt canadien d’intervenir en faveur du Québécois toujours coincé à Cuba. Toufik Benhamiche
PHOTOS COURTOISIE Plusieurs manifestan­ts se sont réunis hier à Ottawa, dont la femme de Toufik Benhamiche, qu’on voit en avant-plan, pour demander au gouverneme­nt canadien d’intervenir en faveur du Québécois toujours coincé à Cuba. Toufik Benhamiche

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