Le Journal de Quebec

Le cas intriganti­ntriga de Lamar Jackson

- Stéphane Cadorette stephane.cadorette @quebecorme­dia.com

Personne ne pourra débattre du fait qu’à son premier départ en carrière, Lamar Jackson a pimenté le spectacle avec ses courses à l’emporte-pièce, amenant un côté imprévisib­le à l’attaque stagnante des Ravens. La grande question, c’est de savoir s’il pourra s’établir comme un véritable quart-arrière à long terme.

Après trois revers de suite, dont le dernier lors duquel l’attaque au sol avait été muselée à 61 verges de gains, Jackson a tiré profit de la blessure au partant Joe Flacco pour relancer les Ravens à sa manière bien à lui.

Sans surprise, c’est par la course que l’athlétique quart-arrière qui a fait ses armes à l’université de Louisville a fait des ravages, avec 117 verges de gains sur 27 courses. Sa solide contributi­on a permis d’élever l’attaque au sol à un niveau supérieur, avec une récolte monstre de 265 verges.

Les Ravens ont même marqué sur leur première possession sans même tenter une passe, et ils ont terminé la rencontre avec un ratio de 51 courses pour 19 passes! Dans un autre contexte, on évoquerait une attaque rétrograde digne des années 1950, mais avec Jackson, le caractère imprévisib­le de l’attaque et son irrésistib­le explosivit­é en font un cas unique.

EFFICACITÉ À LONG TERME ?

Il ne faut toutefois pas se leurrer. L’électrisan­t quart de 21 ans a beau être l’un des plus athlétique­s, une telle approche mène rarement au succès à long terme dans la NFL. D’une part, le risque de blessure devient infiniment trop grand chez ce type de quart-arrière qui n’a pas d’égard pour sa durabilité. D’autre part, les coordonnat­eurs défensifs trouvent plus tôt que tard des façons ingénieuse­s de limiter les dégâts.

Il ne faut cependant pas croire que Jackson ne pourra jamais développer ses talents de passeur. Il demeure très jeune et il est tout à fait normal qu’il se serve d’abord de ce qui se veut son principal atout. Dans ce cas précis, il faut laisser la chance… au passeur !

Il n’en demeure pas moins qu’à Louisville, Jackson a porté le ballon en moyenne 17,2 fois par match. À ce rythme dans la grande ligue, il se fera estropier. À titre d’exemple, Michael Vick, qui a été l’un des quarts-arrière les plus redoutable­s par la course, a porté le ballon 6,1 fois par match en moyenne dans la grande ligue.

BÉMOL SUR LE CALENDRIER

Sans rien enlever aux succès de Jackson à son premier match, il importe tout de même de souligner qu’il affrontait la pire défensive de la ligue, celle des Bengals.

Et s’il devait conserver son poste, le reste du calendrier s’annonce hyper généreux pour lui. Après les Bengals, suivent les Raiders (26e), Falcons (29e), Chiefs (30e), Buccaneers (28e) et Browns (31e), tous classés dans les catacombes en matière de jeu défensif dans le circuit. Sur le chemin, seuls les Chargers (14e) présentent un réel cassetête défensif.

L’objectif ici n’est pas de démolir Jackson et de cracher sur son potentiel. Au contraire, la NFL a toujours besoin de jeunes joueurs électrisan­ts qui maintienne­nt les amateurs au bout de leur siège.

Il faut toutefois se garder une petite gêne quand un jeune connaît un début de carrière fulgurant en observant quels adversaire­s sont sur sa route. Jackson a les outils pour réussir, mais une période de retenue s’impose avant de le canoniser.

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Lamar Jackson a mené les Ravens vers une première victoire en quatre matchs, même s’il n’a complété que 13 passes, lui qui a fait des ravages avec 117 verges par la course.
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