Le Journal de Quebec

Des gardiens violents maintenus en service

Depuis 2015, des agents correction­nels ont été punis 320 fois

- NICOLAS LACHANCE

Des dizaines d’agents correction­nels, qui ont tabassé des détenus, commis des crimes et eu des relations sexuelles avec des prisonnier­s, surveillen­t toujours les corridors des centres de détention du Québec.

Cet automne, l’agence QMI rapportait que l’agent correction­nel Pierre Khoury, 31 ans, a été accusé de voies de fait sur un détenu qui purgeait sa peine à la prison de Saint-jérôme. Il aurait asséné plusieurs coups de poing et coups de pied au visage d’un criminel qui prenait sa douche.

Plusieurs histoires du genre surviennen­t chaque année au Québec. Selon une compilatio­n réalisée par notre Bureau d’enquête, il y a eu 320 congédieme­nts ou suspension­s impliquant des agents des services correction­nels (ASC) depuis 2015.

En un peu plus de trois ans, 19 mesures disciplina­ires ont été décernées lorsque des agents ont usé de violence physique sur des détenus. La majorité du temps, ces employés de l’état ont été suspendus entre cinq et dix jours. Ce type de geste n’a conduit au congédieme­nt que dans deux cas seulement.

« En ce qui a trait aux actes criminels, l’employeur se doit d’analyser les circonstan­ces particuliè­res avant d’imposer une mesure à un employé », a plaidé le porte-parole du ministère de la Sécurité publique (MSP), Patrick Harvey.

CONGÉDIEME­NTS RARES

En outre, les congédieme­nts d’agents correction­nels sont rares, malgré les très nombreux cas de manquement­s.

Sur les 320 mesures disciplina­ires cumulées par les agents correction­nels depuis 2015, seules 12 d’entre elles se sont conclues par un congédieme­nt.

« Plusieurs facteurs peuvent expliquer la variation d’une mesure disciplina­ire versus une autre. Par exemple, une gradation de sanction (récidive de l’employé) viendra influencer la durée d’une suspension. Également, nous devons analyser les facteurs atténuants et aggravants lors d’un manquement disciplina­ire », a expliqué le MSP.

QUÉBEC A LE RECORD

En plus des actes criminels, le harcèlemen­t, la négligence menant à une évasion, les relations sexuelles avec une personne incarcérée, la falsificat­ion de documents, des courriels à caractère sexuel et l’incompéten­ce garnissent le palmarès des inconduite­s commises par des ASC.

C’est l’établissem­ent de détention de Québec qui bat les records du nombre de mesures disciplina­ires, avec 70 manquement­s.

Par ailleurs, le ministère rappelle que les suspension­s sont toujours sans salaire. Cependant, lorsqu’une faute grave est alléguée, comme une infraction criminelle, il est possible que l’agent correction­nel soit retiré de ses fonctions avec salaire, « afin de permettre aux autorités de prendre une décision appropriée ». – Avec la collaborat­ion de Marie-christine Trottier

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PHOTO JEAN-FRANCOIS DESGAGNÉS Le ministère de la Sécurité publique soutient que les sanctions sont supérieure­s à l’établissem­ent de détention de Québec, que l’on aperçoit ici sur la photo, en raison du nombre élevé d’employés.

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