Les Innus en colère contre le PDG d’hydro
Ils l’accusent d’avoir trahi sa parole en se lançant dans une tournée médiatique contre leur projet éolien
Dans une lettre obtenue par notre Bureau d’enquête en août, M. Martel tirait à boulets rouges sur le projet éolien des Innus et de l’entreprise Boralex : Apuiat. Il le jugeait « difficilement recommandable » et estimait que l’achat de sa production causerait des pertes de 1,5 milliard $ à 2 milliards $ à la société d’état.
La semaine dernière, M. Martel a multiplié les apparitions dans les médias, où il a répété qu’en raison de ses surplus d’électricité, Hydro-québec « n’a pas besoin » d’apuiat.
Alors qu’ils étaient demeurés silencieux depuis l’élection du nouveau gouvernement, également opposé au projet, les Innus ont choisi de réagir aux propos de M. Martel.
Le chef du conseil des Innus d’essipit, Martin Dufour, accuse le président-directeur général d’avoir rompu la promesse qu’il lui avait faite le 28 août, c’est-à-dire celle de ne pas intervenir publiquement dans le dossier.
« On est en colère après M. Martel parce qu’il n’a pas respecté sa parole », a-t-il dit dans une entrevue à notre Bureau d’enquête.
Selon M. Dufour, M. Martel avait également promis de recommander au conseil d’administration d’hydro-québec d’adopter l’entente de principe conclue pour l’achat d’électricité du projet éolien Apuiat. « Il nous a dit qu’on avait un bon deal avec Boralex et qu’on avait un bon projet », a-t-il dit.
RENCONTRE
Les Innus vont rencontrer jeudi le premier ministre François Legault, selon qui Apuiat est « inutile et ruineux ».
M. Dufour veut le convaincre qu’hydro-québec a tort. Il fait valoir des retombées de 1 milliard $ au Québec si le projet va de l’avant. « Les chefs sont furieux, on ne sait plus quels mots prendre pour dire notre frustration envers Hydro-québec. On était convaincus d’avoir un bon deal sur la table », dit-il.
Les Innus ne sont pas fermés à bonifier l’entente de principe conclue grâce à l’appui du dernier gouvernement libéral. « On est toujours ouverts à collaborer. »
SURPLUS
Selon Rafaël Bourrelis, directeur du développement de Boralex, Hydro-québec aura besoin de la production d’apuiat en 2024, en raison d’une baisse de ses surplus, et ce, même s’il est prévu qu’ils remontent dès 2025.
M. Bourrelis a affirmé en entrevue que le tarif d’achat négocié à 7 cents du kwh est « un des prix les moins chers » au Québec. Il souligne également qu’hydro-québec aura besoin d’apuiat pour son contrat d’exportation au Massachusetts.
Le négociateur des Innus, Marc Genest, a déclaré que les Innus recevront des revenus de 10 millions $ par année, même si « ce n’est pas faux de dire que Boralex peut financer la Nation innue dans le projet », a-t-il confirmé.