Le Journal de Quebec

Une ville tombe sous le charme d’un investisse­ur dans le pot

Cannara devrait déverser pas moins de 2,4 millions $ en taxes dans les coffres de la municipali­té de Farnham au cours de la prochaine décennie

- FRANCIS HALIN

FARNHAM | Après les années noires de fermetures d’usines, le maire de Farnham est séduit par les 100 millions $ d’un investisse­ur qui veut faire de l’ancienne manufactur­e du village la plus grande usine de cannabis médicale au Québec.

« Zohar [le chef de la direction et fondateur de Cannara] a un souci d’être un bon citoyen corporatif de toutes les façons possible. Il promet 300 emplois d’ici 2021. Je le crois », lance sans hésiter le maire de Farnham, Patrick Melchior.

Le numéro un de la ville d’un peu plus de 9000 âmes ne s’en cache pas : c’est moins le cannabis que l’homme d’affaires qui mène le projet qui l’a charmé. « Il arrive et me dit : “D’ici 2021 [on va créer] 300 emplois. Je vais bien rémunérer ton monde. On veut s’impliquer dans la fondation du maire.” Moi, c’est ça qui me séduit beaucoup », poursuit-il.

Au départ, Patrick Melchior trouvait « un petit peu malaisante » l’idée de voir une compagnie de cannabis dans sa cour, mais l’idée a fait son chemin. « D’une part, c’est légal. D’autre part, il n’y aura pas de boutique à la porte de l’usine. Ils font de la production », tranche celui qui a été intervenan­t en toxicomani­e avant de faire le saut en politique.

PAS UNE VILLE « CANNABIS »

Même s’il aura bientôt la plus grande usine de cannabis médicale intérieure du Québec, M. Melchior refuse qu’on colle l’étiquette « cannabis » à Farnham.

« Je ne veux pas que l’on devienne la capitale du pot. Pas du tout. J’ai une vision beaucoup plus bucolique de la chose. On est la porte de la route des vins. On est la porte de l’estrie », insiste-t-il.

Quand on lui demande s’il serait irrité d’apprendre que la compagnie se finance comme beaucoup d’autres dans les paradis fiscaux, il répond du tac au tac : « Ça m’agacerait plus qu’un peu », avant de préciser que c’est en grande partie le système actuel qu’il faut changer.

BOOM ÉCONOMIQUE

Mais pour le vice-président de la Chambre de commerce de Brome-missisquoi, Vincent Harbec, l’arrivée de Cannara rime surtout avec mini-boom économique. « S’il y a 300 personnes de plus qui travaillen­t à Farnham, le midi, les restaurant­s vont nécessaire­ment plus rouler. Les gens vont venir plus s’installer », observe-t-il.

Ces dernières années, Farnham ne l’a pas eu facile. En 2015, l’usine de tapis Beaulieu, que Cannara vient d’acheter, a fermé ses portes. Plus de 80 personnes se sont retrouvées le bec à l’eau du jour au lendemain.

Ce coup dur a plombé le moral des citoyens qui se relevaient à peine de la fermeture de l’usine de revêtement automobile Collins et Aikman, qui avait jeté à la rue 350 des leurs il y a dix ans.

 ??  ?? Le maire de Farnham, Patrick Melchior, n’a donné aucun « cadeau fiscal » (congé de taxes ou autres) à Cannara, ce qui prouve qu’elle a choisi l’ancienne usine Beaulieu pour les bonnes raisons. On le voit ici devant l’entrée de l’usine, jeudi dernier.
Le maire de Farnham, Patrick Melchior, n’a donné aucun « cadeau fiscal » (congé de taxes ou autres) à Cannara, ce qui prouve qu’elle a choisi l’ancienne usine Beaulieu pour les bonnes raisons. On le voit ici devant l’entrée de l’usine, jeudi dernier.
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