Du style à revendre
Pour rendre attrayante la cinquième génération de l’avalon, sa plus grande berline, Toyota a choisi non seulement de lui donner une silhouette plus élégante, mais aussi d’en tirer deux versions très distinctes : une sportive et une luxueuse.
Toyota a rajeuni l’avalon pour 2019. La plus longue et plus grosse berline de la marque japonaise adopte de nouvelles formes élancées qui donnent l’illusion qu’elle a aminci ! Cette modernisation n’est pas accidentelle, car cette voiture fait partie d’une catégorie de mal-aimées : les grandes berlines de quasi-luxe. Une catégorie qu’un grand nombre de consommateurs ont désertée en faveur des VUS et des camionnettes.
La diminution du nombre de modèles rivaux reflète le déclin de cette catégorie qui, au Canada, demeure dominée par les Dodge Charger, Chrysler 300 et Chevrolet Impala. L’avalon, elle, est à la traîne en raison de ventes marginales.
Pour accroître la clientèle de cette berline de 5 m, mais aussi pour la rajeunir, le constructeur a choisi de lui donner deux complexions distinctes plutôt qu’une. L’acheteur canadien a donc désormais le choix entre une version au tempérament sportif, l’avalon XSE, ou une version au penchant fastueux, l’avalon Limited.
D’un bref coup d’oeil, ces versions se différencient par leur partie avant et leurs roues. La Limited a une calandre gris foncé à longues lattes horizontales. Ses boîtiers de rétroviseurs sont assortis à la couleur de la carrosserie et ses phares à DEL Vision Tech sont les plus évolués du genre chez Toyota. Elle a aussi des roues en alliage de 18 po au design plutôt sobre, de même qu’un double échappement à embouts chromés rectangulaires.
La XSE, pour sa part, se veut plus dynamique avec une calandre à triple section et une grille noirâtre. Ses roues en alliage de 19 po ont un fini d’alu et noir lustré, et ses boîtiers de rétroviseurs sont noirs. Comme la Limited, elle a des phares à DEL, mais il s’agit d’un système différent à triple projecteur. Quant à sa partie arrière, elle est rehaussée par un aileron de forme discrète coiffant l’extrémité du coffre, un diffuseur au bas du pare-chocs et un échappement à quatre embouts circulaires.
En adoptant la nouvelle structure TNGA (Toyota New Global Archi- tecture), cette cinquième génération d’avalon a pu être allongée, abaissée et élargie. On a raccourci ses porte-à-faux avant et arrière, de même que l’empattement, alors que les voies ont été élargies. On a aussi allongé les glaces de custode latérales, tout en rendant plus effilés les montants arrière du pavillon. Voilà comment les concepteurs de cette nouvelle Avalon ont pu esquisser une nouvelle silhouette élancée si élégante, tirant un trait sur l’apparence ballonnée de sa devancière.
HABITACLE TRÈS SPACIEUX
L’intérieur de ces deux versions se révèle tout aussi attrayant. Dans chaque cas, l’habitacle spacieux paraît aussi accueillant qu’opulent. Au centre du tableau de bord de forme très sculptée trône un écran tactile de 9 po, jumelé à une chaîne audio JBL de 1 200 W qui a 14 haut-parleurs ; un système intégrant les technologies Carplay d’apple et Bluetooth.
Un climatiseur à deux zones, des sièges avant chauffants, de même qu’un système de recharge sans fil Qi
adapté à certains téléphones cellulaires récents sont communs aux deux versions. Mais l’habillage de l’intérieur les différencie grandement. Pour la XSE, il est orné d’appliques en aluminium et les sièges sont recouverts de Softex, un cuir synthétique rehaussé d’empiècements d’ultrasuède perforé noir et de doubles surpiqûres contrastantes. Pour sa part, la Limited est parée de garnitures en bois véritable et ses sièges reçoivent une sellerie de cuir semi-aniline de riche texture. Pour cette sellerie, le constructeur offre même un choix de teintes : graphite, beige moisson et cognac (caramel, si vous préférez). Il est d’ailleurs dommage que cette dernière soit réservée à la Limited, puisqu’elle s’harmoniserait parfaitement à la fougue d’une Avalon XSE rouge rubis nacré, une des deux nouvelles teintes offertes en 2019.
En effet, le comportement routier de la XSE est influencé par les réglages spécifiques de sa suspension sport, qui la rendent ferme à souhait. Pour le plus grand plaisir des amateurs de conduite sportive, c’est aussi la seule version qui a des palettes de changements de rapports fixées au volant. En revanche, la Limited a l’exclusivité d’un volant chauffant, de même que des sièges avant ventilés et une banquette arrière chauffante. De plus, sa suspension, certes moins ferme, correspond mieux à l’image d’une berline de grand confort.
MOTEUR CONNU DÉSORMAIS SURVITAMINÉ
Pour les deux versions, Toyota a recours au V6 de 3,5 L à cycle Atkinson utilisé pour la Camry et la Lexus ES 350. Ce moteur produit 301 ch et 267 lbpi de couple, soit 33 ch et 19 lb-pi de plus que le V6 de l’ancienne Avalon. Ce moteur est couplé à une nouvelle boîte de vitesses automatique Direct Shift à huit rapports, qui a permis d’amenuiser sa consommation moyenne d’environ 3 %.
En marge de qualités indéniables qu’on reconnaît à l’avalon 2019, quelques petits irritants ternissent son image. Par exemple, une fois ouvertes, ses portières avant sont si éloignées des occupants de la voiture, que ces derniers doivent s’étirer hors de l’habitacle pour réussir à les atteindre et les fermer. Le coffre présente aussi un étrange paradoxe puisque, malgré un volume utile important – 456 L –, il est difficile à exploiter. En effet, la forme très plongeante de la partie arrière du pavillon limite la longueur et la hauteur du couvercle du coffre. En le soulevant, on découvre une ouverture courte et un seuil élevé qui complique le chargement des colis. Enfin, lorsqu’on replie les dossiers 60/40 de la banquette arrière (déverrouillables uniquement depuis le coffre), l’ouverture qu’ils découvrent se révèle très petite. C’est sans compter que ces dossiers sont alors plus hauts que le plancher du coffre et cela rend le chargement d’objets encombrants nettement plus difficile qu’on ne l’imaginerait. Une curieuse ironie pour une berline longue de cinq mètres !
Le plus grand frein au succès de l’avalon provient sans doute de la concurrence que lui oppose une automobile comparable fabriquée par nul autre que… Toyota. Il s’agit de la Lexus ES 350 2019, un modèle qui a également changé radicalement, et pour le mieux. Très proche de la grande Toyota par son architecture, ses dimensions, sa motorisation et sa dotation, cette Lexus fait aussi miroiter un prix de base très comparable, soit 45 000 $. Cela la situe littéralement entre les deux versions de l’avalon. À lui seul, ce prix suffit sans doute à détourner l’attention de bon nombre d’acheteurs potentiels de la grande Toyota. Après tout, ces derniers ne préféreraient-ils pas conduire la voiture arborant l’écusson plus prestigieux ? Les ventes quatre fois plus élevées de la Lexus ES semblent justement le confirmer…