LE QUÉBEC A « MAUVAISE RÉPUTATION » EN FRANCE, DÉPLORE RÉGIS LABEAUME
Le maire en a assez des histoires d’horreur qu’il entend durant sa mission de recrutement en Europe
RENNES | Victime de sa « bureaucratie », le Québec est en train de se forger une « terrible réputation » en France auprès de ceux qui veulent immigrer dans la Belle Province, déplore le maire Régis Labeaume qui supplie les gouvernements de corriger le tir.
Le maire de Québec en a ras le bol d’entendre des témoignages de Français sur le « parcours du combattant » des immigrants. Il a dénoncé ce problème haut et fort à plusieurs reprises dans les dernières années, sans obtenir les résultats escomptés.
À Québec, il en entend régulièrement parler. Depuis qu’il est arrivé en France, vendredi, les mêmes histoires sont venues à ses oreilles plusieurs fois, y compris de la part d’un élu de la Ville de Rennes, chef-lieu de la Bretagne.
« Là, c’est assez ! Il va falloir que quelqu’un bouge, puis ça presse, parce que notre réputation est très mauvaise. Moi, je l’ai entendu de plusieurs Français chez nous, mais quand tu l’entends en France et qu’un élu français important te le dit, ça ne marche plus. Partout à Rennes, tout le monde le sait », a-t-il pesté en entrevue, outré des obstacles rencontrés par les Français.
« Qu’est-ce que ça me donne, moi, de venir faire des ententes avec les maires ici en France pour amener des travailleurs à Québec, si c’est la bureaucratie qui nous crée des soucis et des problèmes ? On veut avoir des immigrants francophones, mais ici, notre réputation, c’est que c’est extrêmement compliqué d’immigrer. Je ne peux pas faire du recrutement, moi, avec une réputation comme ça ! »
« On n’y arrivera pas. On a une crise de maind’oeuvre et on est en train de se créer une réputation terrible en France sur les ralentissements de la bureaucratie et le parcours du combattant », a-t-il renchéri, exaspéré de devoir répéter sans cesse le même message.
JEUNES SANS FORMATION
Le maire de Québec demande également à Québec et à Ottawa d’assouplir les critères d’immigration afin de permettre à de jeunes Français sans formation spécifique de venir travailler dans la capitale.
« Il va falloir qu’on prenne la décision de faire immigrer des gens non formés, parce que là, c’est seulement des économiques, des familles et de l’humanitaire. Mais ce n’est pas juste de gens formés qu’on a besoin. On ne peut pas juste faire immigrer des ingénieurs, ça ne se peut pas », a tonné le maire en entrevue.
« Si tu regardes le dernier rapport qui a été publié récemment sur le manque de travailleurs au Québec, on cherche des gens qu’on peut former en usine, dans l’hôtellerie, puis la restauration, donc des gens non formés. Les industriels sont prêts à former en entreprise ; tout ce qu’ils veulent, c’est des humains. »
LE MAIRE NE VISE PERSONNE
Sachant que l’immigration est une compétence partagée entre le provincial et le fédéral, le maire ne vise personne en particulier ni aucun ministre dans l’appareil gouvernemental lorsqu’il lance son cri du coeur.
« Je ne veux pas personnaliser le dossier. C’est peut-être le fédéral ou le provincial, tout le monde envoie la balle à l’autre, mais là, on est en train de se créer d’énormes problèmes », a-t-il martelé.