Le Journal de Quebec

LE QUÉBEC A « MAUVAISE RÉPUTATION » EN FRANCE, DÉPLORE RÉGIS LABEAUME

Le maire en a assez des histoires d’horreur qu’il entend durant sa mission de recrutemen­t en Europe

- JEAN-LUC LAVALLÉE

RENNES | Victime de sa « bureaucrat­ie », le Québec est en train de se forger une « terrible réputation » en France auprès de ceux qui veulent immigrer dans la Belle Province, déplore le maire Régis Labeaume qui supplie les gouverneme­nts de corriger le tir.

Le maire de Québec en a ras le bol d’entendre des témoignage­s de Français sur le « parcours du combattant » des immigrants. Il a dénoncé ce problème haut et fort à plusieurs reprises dans les dernières années, sans obtenir les résultats escomptés.

À Québec, il en entend régulièrem­ent parler. Depuis qu’il est arrivé en France, vendredi, les mêmes histoires sont venues à ses oreilles plusieurs fois, y compris de la part d’un élu de la Ville de Rennes, chef-lieu de la Bretagne.

« Là, c’est assez ! Il va falloir que quelqu’un bouge, puis ça presse, parce que notre réputation est très mauvaise. Moi, je l’ai entendu de plusieurs Français chez nous, mais quand tu l’entends en France et qu’un élu français important te le dit, ça ne marche plus. Partout à Rennes, tout le monde le sait », a-t-il pesté en entrevue, outré des obstacles rencontrés par les Français.

« Qu’est-ce que ça me donne, moi, de venir faire des ententes avec les maires ici en France pour amener des travailleu­rs à Québec, si c’est la bureaucrat­ie qui nous crée des soucis et des problèmes ? On veut avoir des immigrants francophon­es, mais ici, notre réputation, c’est que c’est extrêmemen­t compliqué d’immigrer. Je ne peux pas faire du recrutemen­t, moi, avec une réputation comme ça ! »

« On n’y arrivera pas. On a une crise de maind’oeuvre et on est en train de se créer une réputation terrible en France sur les ralentisse­ments de la bureaucrat­ie et le parcours du combattant », a-t-il renchéri, exaspéré de devoir répéter sans cesse le même message.

JEUNES SANS FORMATION

Le maire de Québec demande également à Québec et à Ottawa d’assouplir les critères d’immigratio­n afin de permettre à de jeunes Français sans formation spécifique de venir travailler dans la capitale.

« Il va falloir qu’on prenne la décision de faire immigrer des gens non formés, parce que là, c’est seulement des économique­s, des familles et de l’humanitair­e. Mais ce n’est pas juste de gens formés qu’on a besoin. On ne peut pas juste faire immigrer des ingénieurs, ça ne se peut pas », a tonné le maire en entrevue.

« Si tu regardes le dernier rapport qui a été publié récemment sur le manque de travailleu­rs au Québec, on cherche des gens qu’on peut former en usine, dans l’hôtellerie, puis la restaurati­on, donc des gens non formés. Les industriel­s sont prêts à former en entreprise ; tout ce qu’ils veulent, c’est des humains. »

LE MAIRE NE VISE PERSONNE

Sachant que l’immigratio­n est une compétence partagée entre le provincial et le fédéral, le maire ne vise personne en particulie­r ni aucun ministre dans l’appareil gouverneme­ntal lorsqu’il lance son cri du coeur.

« Je ne veux pas personnali­ser le dossier. C’est peut-être le fédéral ou le provincial, tout le monde envoie la balle à l’autre, mais là, on est en train de se créer d’énormes problèmes », a-t-il martelé.

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Le maire de Québec, Régis Labeaume, a visité l’entreprise Dassault Systèmes, hier, à Rennes en Bretagne, où il a pu expériment­er le logiciel de modélisati­on 3D de l’entreprise sur un écran tactile. PHOTO JEAN-LUC LAVALLÉE

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