Hors-d’oeuvre pimenté
Les Québécois voulaient du changement. Ils vont être servis.
Ils le verront plus concrètement que jamais à partir d’aujourd’hui à l’assemblée nationale.
D’abord, le nombre de nouveaux députés sans expérience parlementaire est énorme. Plus qu’une majorité de la chambre.
Par conséquent, le gouvernement est novice comme rarement peut-être dans le passé. Seuls Marguerite Blais et François Legault y ont une expérience ministérielle.
Évidemment, plus de 20 élus caquistes sur 74 connaissent bien les rouages du parlement pour y avoir siégé. Mais poser des questions et formuler des réponses sont deux formes d’art différentes.
Une telle situation, en chambre, favorise la tenue de propos souvent cocasses. Et le talent comme le manque de talent se repèrent assez vite.
Cette situation permet aussi à de nouveaux styles, de nouvelles idées de prendre leur place.
Espérons que, sous François Paradis, l’assemblée nationale fasse les pas nécessaires vers une plus grande « transparence ».
VIEUX TERREAU
Cette nouveauté radicale s’installera sur un vieux terreau. Et c’est tant mieux.
Le parlement québécois est l’un des plus anciens du continent. Plus que bicentenaire en fait, car les premières élections ont eu lieu ici en 1792.
L’institution est constituée de multiples strates d’expériences, de conventions, de traditions et de ruptures. Le résultat est une institution plutôt sage, qui encadre assez bien les humains tentant d’y prendre des décisions et de faire des lois, collectivement.
Ceci, il ne faut pas l’oublier, est toujours ardu.
Et quand bien même les nouveaux élus nous promettront d’adoucir le ton, de se montrer « gentils-gentils » les uns envers les autres, la bataille des idées, le choc des conceptions du Québec, mais aussi des égos, des intérêts partisans, les différentes interprétations de ce que sont la justice, l’honnêteté, le développement durable, etc., tout cela relancera inévitablement les hostilités.
Les chaises ne seront peut-être pas renversées comme dans le tableau Le débat sur les langues de Charles Huot, qui surplombe le trône au Salon bleu. Mais turbulences il y aura.
NOUVEAU PRÉSIDENT
À la tête de l’assemblée nationale, du pouvoir législatif, justement, une nouvelle direction s’installera demain en la personne de François Paradis, député caquiste de Lévis et habitué des caméras de proximité.
Au sens où, souvent en chambre, c’est à la caméra qu’il s’adressera d’abord, sur le ton de l’animateur de télé qu’il fut. C’est le style Mongrain : celui qui cherche à tout prix à être « près du vrai monde ».
Espérons que, sous sa gouverne, la présidence de l’assemblée nationale fasse les pas nécessaires vers une plus grande « transparence ».
Notamment, qu’on permette au vrai monde d’avoir davantage accès à la manière dont on y dépense son argent.
Ce sera une courte session parlementaire. Huit jours de travaux intensifs. Quelques projets de loi pressants. Un hors-d’oeuvre des fêtes sûrement pimenté, avant la longue session d’hiver.