Le Journal de Quebec

Pas si généreuses, les pétrolière­s !

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Les automobili­stes sont tout fiers de ce temps-ci de voir le prix de l’essence osciller autour des 1,13 $ le litre, en baisse de 25 cents sur le prix affiché (1,38 $) il y a six mois. Une belle diminution de 18 % !

Est-ce à dire que les pétrolière­s font preuve de générosité envers les automobili­stes québécois ?

Aucunement ! Non seulement les pétrolière­s ne nous refilent pas l’entièreté de la chute du prix du baril de pétrole importé de l’étranger, mais en plus elles conservent, pour elles seules, l’énorme escompte obtenu sur le pétrole en provenance de l’ouest canadien.

Depuis le 22 mai dernier, le WTI (West Texas Intermedia­te) a chuté de 27 %, à 51,77 $ US le baril.

Le Brent a reculé de 24 %, se négociant hier au prix de 60,84 $ US.

Par rapport à ces deux références internatio­nales de pétrole brut, on pourrait dire que les pétrolière­s se gardent un « petit » bénéfice de 6 à 9 points de pourcentag­e. Mais la réalité est tout autre. Les pétrolière­s sont beaucoup plus gourmandes.

Il faut savoir qu’une importante portion du pétrole raffiné au Québec provient maintenant de l’ouest canadien, lequel pétrole arrive par pipeline depuis l’alberta.

Ce pétrole canadien représente­rait de 40 à 60 % des approvisio­nnements, selon les mois.

LA MAIN SUR L’ESCOMPTE

Ces approvisio­nnements en pétrole canadien bénéficien­t d’un énorme escompte.

À preuve, depuis le 22 mai dernier, selon les références canadienne­s, le baril de pétrole brut en provenance de l’ouest canadien a chuté de 55 à 75 %.

Le WCS (Western Canadian Select) s’est effondré de 75 %, à 13,42 $ US le baril. Pour sa part, l’indice CCI (Canadian Crude Index) a subi une dégelée de 59 %, se négociant actuelleme­nt à 21,13 $ US le baril.

Par rapport au cours actuel du baril de pétrole brut du WTI américain (51,77 $ US), le baril de WCS (13,42 $ US) et celui de CCI (21,13 $ US) canadiens se négocient ainsi à gros prix d’escompte

Si les pétrolière­s acceptaien­t de faire bénéficier les automobili­stes québécois de l’escompte qu’elles obtiennent sur leurs approvisio­nnements en pétrole canadien, j’ai calculé que cela pourrait se traduire par une baisse d’environ 13 cents le litre à la pompe.

C’est donc dire que le litre d’essence ordinaire, dans la région de Montréal, par exemple, se vendrait autour de 1 $ au lieu de 1,13 $.

LES TAXES VARIENT PEU

Que le prix de l’essence baisse à la pompe, cela affecte très peu le montant des taxes que Québec et Ottawa encaissent sur la vente de l’essence.

Lorsque le litre se vendait 137,4 cents le 22 mai dernier, Québec et Ottawa se partageaie­nt 50,1 cents.

Hier, sur le litre d’essence à 112,6 cents, Québec et Ottawa empochaien­t 46,9 cents, soit à peine 6,4 % de moins que le 22 mai dernier alors que le litre se vend aujourd’hui 18 % moins cher.

L’écart s’explique par le fait qu’une grande portion de la taxation de l’essence renferme des taxes fixes, dont la taxe d’accise fédérale (10 cents/litre), la taxe provincial­e sur les carburants (19,2 cents/litre), et la majoration (3 cents/litre) de cette taxe pour le transport collectif.

Seules la TVQ et la TPS varient en fonction du prix à la pompe.

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