La CBC voit-elle enfin la lumière ?
Parce que les patrons du réseau anglais de RadioCanada ont toujours cru qu’ils étaient supérieurs à ceux du réseau français, plus d’une série québécoise adaptée en anglais a été vouée à l’échec à cause de leur arrogance.
Le cas le plus patent est celui de la série Les hauts et les bas de Sophie Paquin. Richard Stursberg a le mérite d’avoir été l’un des premiers responsables de la CBC à montrer de l’intérêt pour les séries québécoises. L’homme étant aussi condescendant que prétentieux, il était convaincu, par contre, que sa touche magique manquait à nos modestes séries.
C’est ainsi que Les hauts et les bas de Sophie Paquin de Richard Blaimert passa d’une dramatique d’une heure à une comédie d’une demi-heure, perdant en route tout ce qui en faisait le charme. Sophie, la série anglaise, s’écrasa rapidement, alors que la série française obtenait un grand succès.
Après plusieurs mois d’adaptation et de tergiversations, la CBC abandonna 19-2 à la chaîne Bravo qui en fit un succès. Rumours, l’adaptation de Rumeurs, la comédie d’isabelle Langlois que Moses Znaimer avait transformée pour l’auditoire anglophone, s’écrasa aussi. À Toronto, on a toujours cru savoir ce qui « manquait » à nos séries.
UN HEUREUX CHANGEMENT
Sally Catto, directrice des programmes de la CBC, aurait-elle enfin vu la lumière ? À moins qu’elle ait appris des erreurs passées. Quoi qu’il en soit, elle vient de commander au producteur Richard Goudreau ( Les Boys) une version anglaise de sa série Demain des hommes. Notre journaliste Marc-andré Lemieux a annoncé la nouvelle vendredi dernier, écrivant que madame Catto avait spécifié que One Game One Dream (ce sera le titre de la version anglaise) soit le plus fidèle possible à la série québécoise.
Quelle bonne nouvelle que la CBC fasse enfin confiance aux auteurs et aux producteurs québécois ! Les succès d’audience de nos séries de télévision tiennent à leur qualité. Il se trouve encore trop d’anglophones pour expliquer leur succès par le fait que notre langue nous « protégerait » de la télévision américaine. Si notre télé était si moche, les séries américaines doublées seraient aussi populaires chez nous qu’elles le sont ailleurs.
UN TOUT AUTRE REGISTRE
Je n’ai pas été emballé par les quatre films Les Boys, qui ont obtenu un succès populaire. Je n’ai pas mieux aimé la série de télévision qui a suivi. Avec Demain des hommes, le producteur Richard Goudreau aborde un tout autre registre.
Écrite par Guillaume Vigneault et réalisée par Yves Christian Fournier (aucun lien de parenté), Demain des hommes, c’est plus que du hockey. Le jeu y est presque secondaire. La série laisse beaucoup de place aux joueurs, à leurs familles et à leurs entraîneurs. Même si elle fait appel à quelques vedettes bien établies comme Normand d’amour, Roger Léger, Émile Proulx-cloutier et Mahée Paiement, elle repose surtout sur une pléiade de jeunes interprètes parmi lesquels, ô bonheur !, on retrouve Antoine Pilon et Sophie Nélisse.
Puisque Sally Catto exige que la version anglaise reste le plus près possible de l’original, n’y a-t-il pas là une belle occasion de découvrir par la même occasion pourquoi les séries de la CBC coûtent deux à trois plus cher que celles du réseau français ? On aurait peut-être de jolies surprises…