Le Journal de Quebec

Cohésion et cohérence : les défis de la CAQ

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

François Legault a recueilli des applaudiss­ements pour avoir réuni une équipe de qualité. Ce fut l’un des ingrédient­s de sa recette gagnante. À compter d’aujourd’hui, le défi de la CAQ consiste à présenter à l’assemblée nationale le visage d’une équipe unie derrière une vision cohérente.

Rarement dans l’histoire a-t-on assisté à l’arrivée au pouvoir d’une équipe aussi nouvelle. Plusieurs n’ont aucune expérience parlementa­ire, une majorité n’a même pas la moindre expérience de la politique, la barre est haute pour occuper une banquette de ministre.

Il y a un danger pour la CAQ de rater le défi de la cohésion. Je ferai la parallèle avec une chorale. C’est si beau une chorale lorsque tout le monde chante la bonne note, en même temps. Mais si chacun entonne sa propre partition, tout cela peut virer en beuglement collectif. Les personnali­tés fortes et les gros CV s’apparenten­t aux voix fortes dans une chorale : leurs fausses notes font un plus gros dommage !

François Legault réussira-t-il à faire une équipe unie avec toutes les personnali­tés fortes qui ont joint la CAQ ?

INEXPÉRIEN­CE

Non seulement l’équipe d’élus jouit de peu d’expérience, mais le parti lui-même date de quelques années seulement. Parmi les élus actuels, ils sont nombreux à avoir rejoint la CAQ tardivemen­t. Ils n’ont donc pas participé à construire le programme de la CAQ. Ils n’ont même pas mis la main à la préparatio­n de la plateforme de la dernière campagne.

Dans cette campagne marquée par le magasinage des partis, certains d’entre eux auraient bien pu sauter dans une autre barque. Les sondages favorables ont certaineme­nt contribué au choix de la CAQ. Cela ne signifie pas que ces élus ne peuvent pas devenir d’excellents joueurs d’équipe. Mais cela signifie qu’ils n’ont pas encore le parti tatoué sur le coeur.

Des gens qui se sont peu approprié le programme agiront comment face aux fortes bourrasque­s ? Un ministre soupera le week-end avec des amis plutôt écolos et reviendra au Parlement la semaine suivante opposé au troisième lien ? Un député verra sa belle-soeur qui travaille dans un CPE durant le temps des Fêtes et ne supportera plus la création des maternelle­s 4 ans ?

Vous pensez que je caricature ? Cela s’est déjà vu, même dans des partis mieux établis.

LOURDES CONSÉQUENC­ES

Les problèmes de cohésion coûtent cher en politique. On interpréte­ra rapidement des contradict­ions comme les signes d’une équipe incompéten­te dirigée par un chef affaibli. Le gouverneme­nt y perd son autorité, ce qui complique la réalisatio­n de ses réformes. Pas facile de sortir de cette spirale une fois qu’on y est enfoncé. C’est ce que François Legault doit absolument éviter.

À court terme, ce sera assez facile. Début de mandat, lune de miel avec la population, les tensions dans l’équipe sont au minimum. La cohésion d’une équipe politique subit surtout un test violent lorsque les choses vont mal, lorsque l’appui dans les sondages dégringole et lorsque la critique arrive de partout. Un jour, cela va arriver. Ce sera le gros test.

Décidément, la pression est forte sur le chef d’orchestre Legault.

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