Le métro n’est « pas pour nous »
Le maire de Québec n’a pas changé d’avis sur ce mode, après une rencontre sur le sujet à Rennes, en France
PARIS | Régis Labeaume a rencontré en privé le directeur du projet de métro à Rennes, en France, dans les derniers jours, mais il hésitait à en parler publiquement puisqu’un tel projet demeure impensable à ses yeux dans la capitale.
En mission comme à la maison, le maire a des rendez-vous de nature privée. Les scribes qui l’accompagnent ne sont jamais au courant de l’ensemble des détails de son agenda ni de l’identité de toutes les personnes qu’il peut rencontrer, du matin jusqu’au soir.
Ce n’est qu’hier, rendu à Paris, que Le Journal a été informé de l’existence de cette rencontre à Rennes Métropole, à laquelle le directeur du projet de métro a participé.
Le maire avait refusé presque systématiquement, jusqu’ici, de répondre à nos questions sur le métro de Rennes, mais il s’est ouvert un peu plus hier.
Son entretien de quelques heures ne l’a visiblement pas fait changer d’idée. « Ce n’est pas un projet pour nous autres », a-t-il tranché.
« On n’a pas le même monde, on n’a pas la même densité, on n’a pas le même historique, on ne compare pas les mêmes affaires. »
Avec ses 215 000 habitants, Rennes est l’une des plus petites villes du monde qui s’est dotée d’un métro de 8,6 km en 2002. Une deuxième ligne de 13,4 km, présentement en construction, doit être mise en service en 2020.
COÛT TROP ÉLEVÉ DU KILOMÈTRE
« On ne pouvait pas passer à Rennes sans rencontrer tous ces gens-là, mais on arrive à la même conclusion. Nous, notre coût moyen du kilomètre [pour le tramway], c’est à peu près 87 M$. Eux, ça leur coûte deux milliards canadiens pour 13 kilomètres… Même le gars qui fait la promotion de ça à Québec dit que c’est environ 200 M$ du kilomètre et il a raison. C’est du simple au double, mais [à Rennes] ils ont quatre fois plus de densité que nous autres », a-t-il exposé, en s’appuyant sur la moyenne d’habitants par kilomètre carré dans les deux villes.
Quand on lui fait remarquer que la moyenne ne reflète pas la densité des quartiers centraux à Québec, le maire persiste et signe.
« J’ai toujours été contre le tramway juste dans les quartiers centraux. Il faut aller dans les banlieues. Il est fait comme ça le projet. N’oubliez pas que notre projet est de 56 km : 23 km de tramway (dont 3,5 km en tunnel), 17 km de trambus, 16 km de nouvelles voies Métrobus. C’est un tout avec des stationnements incitatifs. Ce n’est pas juste un petit bout de tramway », a-t-il insisté, convaincu que les gouvernements ne voudront jamais financer la « surcapacité » d’un mode lourd comme le métro à Québec.
Il dit néanmoins avoir appris « des choses intéressantes » à Rennes. « Ils nous ont donné des trucs pour l’ouverture [de notre réseau], pour la promotion, on a appris plein d’affaires. »
« IL FAUT QUE LES GENS SE RÉUNISSENT. ÇA COMPREND AUSSI QUÉBEC-LÉVIS. JE NE PEUX PAS CROIRE QUE LES GOUVERNEMENTS SUPÉRIEURS N’INTERVIENDRONT PAS À UN MOMENT DONNÉ POUR FACILITER LA CONVERSATION ET LES PROJETS ENTRE QUÉBEC ET LÉVIS. ILS NE VONT PAS ENGLOUTIR DES MILLIARDS DANS DES PROJETS OÙ UNE DES DEUX VILLES NE SERA PAS DANS LE COUP. » – Le professeur Jean Mercier
Le maire s’est par ailleurs réjoui du résultat du référendum, à l’université Laval, sur le laissez-passer universel (LPU) d’autobus. Dès l’automne 2019, les étudiants à temps plein paieront 120 $ par session pour un accès illimité aux autobus du RTC et de la Stlévis. « Moi, je trouve ça spectaculaire. C’est un bon signal que les jeunes nous envoient. La conscience sociale l’a emporté sur le coût », a-t-il réagi.