Khashoggi : c’est déjà fini
Le nom de Jamal Khashoggi vous est maintenant familier.
Le journaliste saoudien avait rendez-vous au consulat de son pays, à Istanbul, en Turquie, pour des formalités administratives en vue de son mariage.
Il était « attendu » par les services secrets saoudiens.
On l’a drogué, torturé, tué, démembré et dissous.
Son « crime » ? Il critiquait le régime saoudien dans le Washington Post.
LE « CASH »
Tous les signes pointent vers une opération ordonnée par le prince héritier en personne.
Riyad a d’abord multiplié les dénégations, toutes plus absurdes les unes que les autres.
Peut-on imaginer un escadron de tortionnaires et d’assassins, montant à bord d’un avion dans leur pays, pour aller faire ce boulot à l’étranger, sans que l’opération n’ait été autorisée au plus haut niveau ?
Riyad va sans doute exécuter quelques-uns de ces sbires pour blanchir le jeune tyran.
Que feront nos dirigeants ? Des bulles. Ils se diront « préoccupés ». On votera des motions indignées.
L’arabie saoudite est le 2e plus gros importateur d’armes au monde.
Son premier fournisseur ? Les ÉtatsUnis.
L’an dernier, les États-unis et l’arabie saoudite ont annoncé des accords commerciaux d’une valeur de 380 milliards de dollars US sur 10 ans, dont 110 milliards d’armement américain.
Son second fournisseur ? La France. Ses contrats d’armement avec Riyad ont totalisé 11 milliards d’euros entre 2008 et 2017.
Emmanuel Macron a donc estimé que toute remise en question de ce pactole serait faire prévaloir « l’emportement, l’émotion, la confusion ».
L’arabie saoudite est le 2e plus gros acheteur de matériel militaire canadien. Notre beau Justin trouvera moins compliqué d’aller pleurer devant un pensionnat autochtone.
Les gros pays ne feront rien parce que des contrats valant des milliards sont en jeu.
Que feront nos dirigeants ? Rien. Ce sera « business as usual ».
Les petits pays ne feront rien parce qu’ils ont l’espoir de ramasser quelques miettes.
Ce sera « business as usual » : nous continuerons à vendre des armes au régime pour qu’il réprime sa population, liquide ses opposants et poursuive ses bombardements au Yémen.
Nous fermerons les yeux sur les décapitations, les droits bafoués et l’infantilisation des femmes.
La puissance saoudienne ne tient pas seulement aux contrats militaires et au pétrole, mais aussi à ce qu’on appelle, en science politique, son « soft power ».
Quand Ottawa s’est excité, au mois d’août, à la suite de l’arrestation de militantes des droits de la personne dans ce charmant pays, Riyad a menacé de rapatrier tous les étudiants saoudiens au Canada.
Parmi eux, 229 étudient la médecine à Mcgill, et Riyad paie les 100 000 $ par année que coûte leur formation.
Leur départ, confiait David Eidelman, doyen de la Faculté de médecine, provoquerait « un manque de liquidité massif ».
Il avouait piteusement : « Nous dépendons désormais d’eux. »
FRANCHISE
Avec sa subtilité coutumière, Trump s’est réjoui de la vigueur du commerce américain avec les Saoudiens et de la baisse des prix à la pompe. Amazing !
Reconnaissons-lui le « mérite » d’avoir dit tout haut ce que les autres chefs d’état chuchotent.