Le Journal de Quebec

Khashoggi : c’est déjà fini

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Le nom de Jamal Khashoggi vous est maintenant familier.

Le journalist­e saoudien avait rendez-vous au consulat de son pays, à Istanbul, en Turquie, pour des formalités administra­tives en vue de son mariage.

Il était « attendu » par les services secrets saoudiens.

On l’a drogué, torturé, tué, démembré et dissous.

Son « crime » ? Il critiquait le régime saoudien dans le Washington Post.

LE « CASH »

Tous les signes pointent vers une opération ordonnée par le prince héritier en personne.

Riyad a d’abord multiplié les dénégation­s, toutes plus absurdes les unes que les autres.

Peut-on imaginer un escadron de tortionnai­res et d’assassins, montant à bord d’un avion dans leur pays, pour aller faire ce boulot à l’étranger, sans que l’opération n’ait été autorisée au plus haut niveau ?

Riyad va sans doute exécuter quelques-uns de ces sbires pour blanchir le jeune tyran.

Que feront nos dirigeants ? Des bulles. Ils se diront « préoccupés ». On votera des motions indignées.

L’arabie saoudite est le 2e plus gros importateu­r d’armes au monde.

Son premier fournisseu­r ? Les ÉtatsUnis.

L’an dernier, les États-unis et l’arabie saoudite ont annoncé des accords commerciau­x d’une valeur de 380 milliards de dollars US sur 10 ans, dont 110 milliards d’armement américain.

Son second fournisseu­r ? La France. Ses contrats d’armement avec Riyad ont totalisé 11 milliards d’euros entre 2008 et 2017.

Emmanuel Macron a donc estimé que toute remise en question de ce pactole serait faire prévaloir « l’emportemen­t, l’émotion, la confusion ».

L’arabie saoudite est le 2e plus gros acheteur de matériel militaire canadien. Notre beau Justin trouvera moins compliqué d’aller pleurer devant un pensionnat autochtone.

Les gros pays ne feront rien parce que des contrats valant des milliards sont en jeu.

Que feront nos dirigeants ? Rien. Ce sera « business as usual ».

Les petits pays ne feront rien parce qu’ils ont l’espoir de ramasser quelques miettes.

Ce sera « business as usual » : nous continuero­ns à vendre des armes au régime pour qu’il réprime sa population, liquide ses opposants et poursuive ses bombardeme­nts au Yémen.

Nous fermerons les yeux sur les décapitati­ons, les droits bafoués et l’infantilis­ation des femmes.

La puissance saoudienne ne tient pas seulement aux contrats militaires et au pétrole, mais aussi à ce qu’on appelle, en science politique, son « soft power ».

Quand Ottawa s’est excité, au mois d’août, à la suite de l’arrestatio­n de militantes des droits de la personne dans ce charmant pays, Riyad a menacé de rapatrier tous les étudiants saoudiens au Canada.

Parmi eux, 229 étudient la médecine à Mcgill, et Riyad paie les 100 000 $ par année que coûte leur formation.

Leur départ, confiait David Eidelman, doyen de la Faculté de médecine, provoquera­it « un manque de liquidité massif ».

Il avouait piteusemen­t : « Nous dépendons désormais d’eux. »

FRANCHISE

Avec sa subtilité coutumière, Trump s’est réjoui de la vigueur du commerce américain avec les Saoudiens et de la baisse des prix à la pompe. Amazing !

Reconnaiss­ons-lui le « mérite » d’avoir dit tout haut ce que les autres chefs d’état chuchotent.

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Jamal Khashoggi

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